Afghanistan : « MyRedLine », un des nombreux hashtags pour la défense des droits des femmes

Afghanistan : « MyRedLine », un des nombreux hashtags pour la défense des droits des femmes

23/04/2019 Non Par Tim Rimbert

 

En Afghanistan de nombreux hashtags font leur apparition sur la toile pour défendre les droits des femmes. Parmi ces initiatives notons « MyRedLine », en Français « MaLineRouge », lancée par la journaliste Farahnaz Forotan qui craint de voir les droits des femmes bafoués en cas d’un mauvais accord de paix entre Kaboul et les Talibans.

Les femmes afghanes mises en minorité dans les pourparlers de paix

Sur internet, de nombreuses Afghanes ont lancé des hashtags pour avoir leur mot à dire dans l’avenir politique de leur pays. Jusqu’ici les femmes afghanes sont tenues à l’écart des pourparlers entre le pouvoir de Kaboul et les insurgés Talibans, sous la supervision de Washington et de Moscou. Si elles sont invités à la table des négociations, leur présence est très discrète et généralement pour la forme. Ce fut le cas lors des discussions de février dernier à Moscou entre le pouvoir afghan, l’opposition et les Talibans. Seules deux femmes ont participé à la rencontre parmi des dizaines d’hommes. Et même si davantage de femmes ont été conviées aux pourparlers de Doha, reportés sine die, leur situation n’est pas plus reluisante. Surtout quand le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid fait savoir que leur présence n’est pas nécessaire.

Samira Hamidi, qui travaille pour Amnesty international, n’est pas du même avis. « Nous les femmes, avons des solutions pour parvenir à la paix en Afghanistan. #MaLigneRouge est une participation égale, inclusive et significative des Afghanes au processus de paix », a-t-elle tweeté.

Pas question de retourner sous le pouvoir taliban

Pour Kobra Samim, membre de l’équipe afghane de cyclisme, il n’est surtout pas question de rétropédaler. Quand les Talibans dirigeaient le pays de 1996 à 2001, les femmes n’avaient aucun droit, elles étaient confinées à des rôles de domestiques. Depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001, le statut des femmes afghanes s’est considérablement amélioré. Elles peuvent aujourd’hui faire du vélo, du footing en ville, s’habiller comme bon leur semble. Kobra Samim craint de voir ces acquis sociaux disparaître à cause d’un mauvais accord avec les insurgés. S’ils reviennent aux affaires, prévient la jeune athlète de 23 ans, « nous n’aurons pas le droit à l’éducation, au sport et nous serons empêchées de sortir de nos maisons ».

« Mon stylo et ma liberté d’expression »

La journaliste Farahnaz Forotan, à l’origine du hashtag #MyRedLine pense également que « Les femmes étaient plus vulnérables que quiconque sous le régime taliban », à cause notamment des lapidations. Pour conjurer un retour en arrière qui leur sera fatal, Farahnaz Forotan a lancé la campagne #MyRedLine, en partenariat avec l’ONU femmes. « Mon stylo et ma liberté d’expression », sont les seules armes que cette militante brandies face à la menace talibane. Depuis son lancement en mars dernier, le hashtag #MyRedLine a généré plus de 600.000 « impressions » sur Twitter (likes, commentaires, partages et tweets). La campagne se déroule également sur Facebook et dans d’autres langues dont l’anglais.

Les afghanes reçoivent d’importants soutiens

Les initiatives comme « RedMyLine » sont même soutenues au plus haut niveau de l’Etat. Le président afghan Ashraf Ghani a par exemple tweeté que les droits des femmes constitueraient « la ligne rouge » du processus de paix en cours. A l’international également la cause des femmes afghanes est portée par des voix célèbres comme l’actrice américaine Angelina Jolie, envoyée spéciale de l’ONU. Elle a récemment indiqué au magazine Time que « Les femmes afghanes doivent pouvoir parler en leur nom » lors des pourparlers de paix.