Mohamed Ould Bouamatou et les dangers du combat pour la démocratie en Afrique

Mohamed Ould Bouamatou et les dangers du combat pour la démocratie en Afrique

06/09/2019 Non Par Cinquième Pouvoir

Mohamed Ould Bouamatou est l’un des principaux entrepreneurs de Mauritanie, à la tête du premier groupe privé du pays. L’homme d’affaires vit pourtant depuis plus de huit ans en exil après qu’il ait commis le crime de lancer une fondation pour la démocratie, les droits de l’Homme et l’état de droit. Au XXIe siècle, le combat pour la démocratie demeure un jeu dangereux dans certains pays d’Afrique.

A en croire le gouvernement mauritanien, et en premier lieu l’ancien président Mohammed Ould Abdelaziz, les poursuites engagées contre Mohamed Ould Bouamatou n’ont rien de politique et concerneraient des détournements de fonds. Des accusations qui ne convainquent pas grand monde, à commencer par Interpol, qui a refusé d’exécuter les avis de recherche mauritaniens en raison de leur « dimension politique prédominante ».

Quel crime a donc commis Mohamed Ould Bouamatou pour devoir quitter son pays et risquer la prison si jamais il y remettait les pieds ? Tout a commencé avec le lancement en 2015 de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, une organisation co-fondée avec les avocats spécialistes des droits de l’Hommes Georges-Henri Beauthier et William Bourdon, pour défendre la démocratie et les droits de l’Homme en Afrique.

Démocratie et droits de l’Homme. Deux sujets qui donnent de l’urticaire au président mauritanien de l’époque, Mohammed Ould Abdelaziz, arrivé au pouvoir par la grâce d’un putsch militaire, et qui tient son pays d’une main de fer pendant que ses proches mettent en place un système de corruption et de déprédation généralisé. Ould Abdelaziz n’accepte pas de voir l’une des premières fortunes du pays se mêler de politique. Il fera désormais tout pour l’abattre.

La Fondation pour l’égalité des chances en Afrique n’en continue pas moins ses activités. En Mauritanie et ailleurs sur le continent. En soutenant par exemple la Plateforme des lanceurs d’alerte en Afrique, visant à dénoncer la corruption. En 2017, Mohamed Ould Bouamatou milite contre le référendum constitutionnel que le président Ould Abdelaziz souhaite faire voter pour renforcer son pouvoir. La répression contre Ould Bouamatou et son groupe s’accentue.

A cette époque, Mohamed Ould Bouamatou vit déjà en exil au Maroc. Un séjour trop proche de son pays natal pour Abdelaziz qui fait pression sur les autorités de Rabat pour qu’ils expulsent l’homme d’affaires. Ce qu’elles feront, poussant Ould Bouamatou à trouver refuge à Bruxelles, d’où il continue à mener son combat pour la démocratie en Mauritanie.