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Mali : Aliou Boubacar Diallo se range du côté du peuple

Aliou Diallo, Mali, Afrique

Alors que son parti ADP-Maliba avait rejoint la majorité présidentielle en mai dernier, Aliou Diallo a décidé cette semaine de prendre ses distances avec Ibrahim Boubacar Keita. Ce, au nom des principes qui l’ont toujours guidé depuis son entrée en politique en 2012 : dialogue et consensus.

Après avoir participé au Dialogue national inclusif (DNI) en décembre 2019, pour sortir le Mali de sa crise, ADP-Maliba avait rejoint en mai dernier la majorité présidentielle afin d’accélérer la mise en œuvre des recommandations issues de ce DNI. Deux mois plus tard, le parti de la Balance revient sur sa décision. Comme toujours, pour ses détracteurs, il s’agit d’un énième calcul politique de son président Aliou Diallo. Ce dernier aurait décidé de quitter le navire avant qu’il ne sombre…

Dans une intervention de son président Youba Bah, ADP-Maliba explique avoir quitté la majorité présidentielle pour deux principales raisons. La première, qu’on pourrait qualifier de cause immédiate, est la répression des manifestations du M5-RPF les 10 et 11 juillet dernier à Bamako. Ces évènements ont fait onze morts et une centaine de blessés. Un drame intolérable pour le parti de la Balance. Selon Youba Bah, « Ces agissements contrastent avec les valeurs de paix, de mesure et de retenue qui prévalent au Mali » et au sein d’ADP-Maliba. En effet, Aliou Diallo et les siens ont toujours prôné le dialogue et le consensus. Ainsi, la violence ne fait pas partie de leur vocabulaire politique. Dans ce contexte, ils ne pouvaient plus rester dans la majorité présidentielle.

Bamako n’en serait-il pas là s’il avait écouté Aliou Diallo ?

L’autre raison, qui a d’ailleurs conduit à la première, est que le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga n’a pas pris en compte ses propositions de sortie de crise. Il s’agit, entre autres, de la reprise partielle des élections législatives et la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle, qui a invalidé à la fin du mois d’avril une trentaine de résultats au profit du parti du président IBK. Un acte qui a exhumé toutes les colères au Mali. ADP-Maliba estime que la prise en compte de ses propositions, d’ailleurs validées par la CEDEAO, aurait permis d’éviter le drame de la semaine passée.

S’il recherchait le bonheur du peuple malien en rejoignant la majorité présidentielle, Aliou Diallo croit maintenant qu’il doit la quitter pour le même objectif. L’évidence s’offre aujourd’hui à lui. Tout en présentant ses plus sincères condoléances aux familles des victimes des récents événements, son parti « exige l’ouverture d’une enquête indépendante menée par les acteurs des deux tendances, des représentants de la société civile, de la police et des experts de la communauté internationale pour situer toutes les responsabilités suite à ces tueries par balles réelles ».

Une rencontre avec Goodluck Jonathan

Par ailleurs, ADP-Maliba promet de continuer de « s’ériger en sentinelle de la liberté et de la démocratie de manière indépendante pour servir le Mali et réconcilier ses enfants », en continuant notamment d’appuyer ses solutions de sortie de crise. Lors d’une rencontre avec l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, le jeudi 16 juillet, Aliou Diallo a d’ailleurs renouvelé ces propositions de sortie de crise. Parmi elles, la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Le député de Kayes a également souhaité que la mission de la CEDEAO, en cours au Mali, soit investie des pouvoirs lui permettant de régler de manière indépendante le contentieux post-électoral. « A ce titre, la Cour de Justice de la CEDEAO pourra rendre un arrêt dit de « novation » qui annulera et remplacera l’arrêt contesté du 30 avril de la défunte Cour Constitutionnelle. Je suis convaincu que cette solution politique est pratique et applicable très rapidement », a-t-il suggéré.

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