Cinquième-pouvoir.fr

Le prix du carbone est-il trop faible ?

Le 19 mars dernier, alors que se déroulait à Bruxelles un Conseil Européen où il a été question de « l’Union Européenne de l’Energie », Jean­ Bernard Lévy, le Président­ directeur général d’EDF, a pu profiter de l’occasion pour rappeler que le prix du carbone était trop bas et ne jouait donc pas son rôle d’incitation à l’investissement dans les sources d’énergies decarbonées.

Alors que l’Union de l’énergie doit permettre d’assurer la sécurité et l’indépendance de l’approvisionnement en énergie, ainsi que de donner les moyens à l’UE de parvenir à une économie décarbonnée, le PDG d’EDF a plaidé pour une réforme du système d’échanges de quotas d’émissions de CO2 afin d’instaurer en Europe «un cadre qui permette d’investir dans des conditions équitables, sans discrimination, dans toutes les filières bas carbone: éolien, solaire, biomasse, hydraulique, nucléaire».

Le système d’échanges de quotas d’émissions (ETS), appelé aussi « marché du carbone » ou encore avec cynisme « marché du droit à polluer » a été lancé en 2005 pour encourager l’investissement dans les filières d’énergies sans carbones, c’est­ à­ dire les énergies dites « vertes », mais aussi le nucléaire. Ce programme qui fait la fierté des européens repose sur le principe du « pollueur­payeur »: chaque entreprise se voit attribuer un niveau maximum d’émissions annuelles de CO2 autorisées, et si elle veut dépasser ce niveau, elle doit acheter les quotas d’autres entreprises qui ont, elles, émis moins de CO2 que ce qui leur a été attribué.

A en croire Jean­ Bernard Lévy, le mécanisme ne fonctionne pas comme il devrait car le prix du carbone est trop bas. La conséquence est que les entreprises préfèrent payer un « droit à polluer » plutôt que de prendre les décisions d’investissements qui permettraient d’aboutir sur le long­terme à la réduction durable des émissions de carbone. Le message est donc clair: il faut réduire la dotation globale de quotas pour faire remonter le prix du carbone.

L’intervention du dirigeant d’EDF, invité par le Président de la République François Hollande, n’est pas surprenante tant l’entreprise étatique française a une position favorable en Europe en termes d’émissions de CO2. Jean ­Bernard Lévy n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que EDF peut se prévaloir du rang de «leader européen de l’électricité bas carbone compétitive grâce à sa double qualité de premier producteur d’électricité renouvelable et de premier producteur d’électricité nucléaire».

Avec une production d’électricité qui repose à plus de 90% sur des sources d’énergie non émettrices de gaz à effet de serre, il est clair que la France entend peser sur les discussions concernant les orientations stratégiques de l’Union européenne de l’énergie. L’Hexagone, en confrontation notamment avec son voisin allemand, se fait l’avocat d’un mix énergétique reposant essentiellement sur les énergies décarbonnées, à la fois renouvelables (solaire, éolien, hydraulique), mais surtout nucléaire.

 

Quitter la version mobile