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France : le mythe coûteux des énergies vertes

L’enveloppe de 300 milliards d’euros brandie par certains courants politiques pour disqualifier la transition énergétique n’est en réalité qu’un prétexte masquant leur opposition idéologique aux renouvelables.

« Soyons mesurés ». Face aux sénateurs, mardi 6 mai dernier dans le cadre du débat – sans vote – sur la souveraineté énergétique, François Bayrou se savait attendu concernant l’épineuse question du coût de la transition énergétique à travers le prochain déploiement du solaire et de l’éolien notamment.

Le Premier ministre s’est donc attaché à remettre les choses dans leur juste proportion à propos de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), cette feuille de route gouvernementale visant à réduire la dépendance française aux énergies fossiles en promouvant bien évidemment les énergies renouvelables.

Alors que la droite et l’extrême droite dénoncent entre autres un gouffre financier (300 milliards d’euros pour Marine Le Pen du Rassemblement national, parfois même « presque 400 milliards » selon Éric), le chef du gouvernement a tenu à faire preuve de pédagogie afin de démystifier un chiffre trompeur.

Des chiffres gonflés et décontextualisés

« Ce chiffre inclut les coûts réseau jusqu’en 2040 », a d’emblée clarifié Bayrou, évoquant « 100 milliards d’euros pour les réseaux de transport, 100 milliards pour les réseaux de distribution, dont une partie seulement pour les énergies renouvelables, 100 milliards pour le coût du soutien jusqu’en 2060 par le tarif d’achat garanti de l’électricité ».

Il souligne deux points importants : premièrement, seule une fraction des investissements dans les réseaux est réellement destinée aux énergies renouvelables ; deuxièmement, l’estimation de 100 milliards pour le mécanisme de soutien représente un scénario « maximaliste ».

Mieux, le PPE prévoit d’après le locataire de Matignon, un coût bien plus modeste, entre 31 et 50 milliards d’euros sur la période 2025-2060 dans un scénario médian, contrairement aux affirmations alarmistes. Il pourrait même devenir négatif (-42 milliards) dans un scénario de prix élevés, transformant ainsi ce « coût » en bénéfice pour les finances publiques.

« Quoi qu’il en soit, je veillerai à ce que la PPE optimise le coût pour la collectivité », a conclu le Premier ministre sur cet aspect. Cette mise au point suffira-t-elle à clore la polémique concernant l’engagement financier à consentir par l’État sur cet élément clé de la transition énergétique en France ?

Le vrai coût de l’inaction énergétique

« Il est inquiétant que la droite et l’extrême droite aient réussi à faire vivre ces chiffrages farfelus, destinés à faire peur et qui mélangent des choux et des carottes« , déplore Nicolas Goldberg, associé chez Colombus Consulting, auprès du journal Le Monde.

Comme le relève le quotidien du soir, cette fake news vise à occulter une réalité économique fondamentale, le coût colossal des importations d’énergies fossiles en l’occurrence. Cela représente, selon François Bayrou, 60 % de l’énergie consommée en France (40 % du pétrole, 20 % du gaz).

De quoi placer le pays en position de vulnérabilité face à des nations comme l’Arabie saoudite, la Russie ou les États-Unis. Il évoque « un problème écologique, car ces 1 000 térawattheures (TWh) émettent 280 millions de tonnes de CO2 ».

« Notre déficit commercial s’élève à 100 milliards d’euros, dont la moitié pour les hydrocarbures », s’alarme encore le responsable gouvernemental.

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