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UE : des crédits carbone pour atteindre la neutralité ?

La Commission européenne pourrait recourir au financement de projets écologiques hors de l’Union pour respecter ses objectifs climatiques de 2040. Une stratégie qui fait débat alors que ces objectifs sont remis en question face à d’autres priorités.

Et si la neutralité carbone de l’Union européenne (UE) passait par les crédits carbone ? Selon Reuters, qui a consulté le document final du Conseil européen du 26 juin dernier, Bruxelles envisage de recourir à ce mécanisme de compensation pour réduire ses émissions de CO2.

L’objectif chiffré, dont l’annonce est prévue le 2 juillet prochain, vise une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre, étape cruciale vers la neutralité carbone de 2050. Mais cette ambition suscite de plus en plus de scepticisme au sein de l’Union.

Face au creusement des déficits publics et aux tensions géopolitiques mondiales, de nombreux pays comme l’Italie, la Pologne ou encore la République tchèque s’inquiètent désormais du coût de cette ambition climatique.

« On garde l’objectif [de 2050] mais on est pragmatique sur les trajectoires », confiait récemment au journal Le Monde un proche d’Emmanuel Macron, en amont du Conseil européen où le président français a souhaité relancer le débat.

Une mesure de compromis

Dans ce contexte, les crédits carbone peuvent apparaître comme un compromis entre les impératifs budgétaires et la pression croissante de l’opinion publique en faveur de la transition écologique.

Concrètement, au lieu de réduire toutes leurs émissions sur le territoire européen, les entreprises et les gouvernements pourront acheter des « crédits » provenant de projets de réduction de CO2 à l’étranger.

Ces initiatives pourraient inclure la restauration forestière au Brésil, des projets d’énergie renouvelable en Afrique, ou des programmes de protection des écosystèmes en Asie, comme c’est déjà le cas depuis quelques années.

D’après Reuters, qui précise que les plans pourraient encore évoluer, les crédits carbone internationaux ne pourront être utilisés qu’à partir de 2036. Une législation européenne ultérieure devra définir les critères d’origine et de qualité que ces crédits devront respecter, ainsi que les modalités de leur acquisition.

Un mécanisme de flexibilité qui divise

Cependant, cette stratégie soulève des interrogations légitimes sur son efficacité réelle. En effet, si la compensation carbone est de plus en plus adoptée, à la fois par les États et les entreprises, son efficacité fait débat.

Au-delà des crédits internationaux, la Commission européenne envisage d’autres mesures de flexibilité, comme l’intégration de crédits provenant de projets de capture de CO2 atmosphérique dans le marché carbone européen, pour faciliter l’atteinte de l’objectif de 90% de réduction des émissions.

La proposition accorderait également aux pays membres une plus grande marge de manœuvre quant aux secteurs de leur économie qui devront porter l’effort principal pour atteindre l’objectif 2040. Reste à savoir si ces mesures suffiront à apaiser les craintes.

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