Crise au Mali : la France doit changer de fusils d’épaule !

Crise au Mali : la France doit changer de fusils d’épaule !

28/12/2019 Non Par Cinquième Pouvoir

La population malienne est dans un grand désarroi depuis plusieurs mois. Alors qu’elle croyait que la force armée française la débarrasserait du terrorisme, elle constate amèrement que des soldats continuent de mourir en grand nombre. La France, l’une des puissances militaires mondiales, aurait-t-elle calé au Mali ? A l’évidence oui. Comment comprendre cet échec ?

Vive la France ! A bas la France !

La France au Sahel c’est 4000 soldats avec des moyens logistiques, plus importants que ceux de toutes les forces armées de la sous-région. Pourtant, elle n’arrive pas (ou plutôt plus) à venir à bout des groupuscules de terroristes. Chez les Maliens, c’est la grande désillusion. Elle est bien loin cette France de l’opération Serval, qui a bouté hors des frontières maliennes les terroristes, trafiquants d’armes et d’êtres humains, et tous les autres bandits de leur acabit. A Bamako, on fêta le président François Hollande, comme le grand libérateur. On a même baptisé de son nom, de nombreux enfants nés à partir de 2013. En janvier 2017, à l’occasion d’une visite au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keita IBK), avait encensé son homologue français en ces termes : « Vous êtes de tous les chefs d’état français (…) celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère, le plus loyal (…) Avec vous, quelque chose a changé dans les pratiques politiques de la France en Afrique».

Deux ans plus tard, la France est devenue indésirable au Mali. L’armée de libération n’est plus qu’une armée d’occupation. Les populations du Sahel marchent désormais pour le départ des troupes françaises. Et on songe déjà à les remplacer par….les forces russes. Que s’est-il passé ?

Rien de bon ne peut s’obtenir avec un Etat corrompu

Le problème c’est que la France n’a pas su tirer profit de la réussite de l’opération Barkhane. Après la débandade des terroristes, elle a continué à montrer ses beaux muscles au Sahel, comme les Etats Unis en Afghanistan. Elle aurait dû saisir ce moment pour aider le gouvernement à lancer de grands projets sociaux et économiques. Car après tout, c’est dans la misère que le terrorisme prospère et que naissent les frustrations. D’ailleurs, Paris s’est-il une fois préoccupé de la nature même du régime de Bamako, aussi problématique que les indépendantistes de l’Azawad ?

Malgré la violence que représentent les djihadistes, les populations du nord ont tendance à les considérer comme le moindre mal par rapport à un Etat (du sud) corrompu jusqu’à la moelle des os. Le pouvoir d’IBK est assis sur la corruption. C’est même son mode opératoire. Tout son entourage baigne dans les scandales les plus infectes de corruption. Citons l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, des engrais frelatés ou encore des hélicoptères de l’armée malienne. Sans oublier les différents rapports du Végal, classés sans suite. Et ce n’est pas ce semblant de lutte contre la corruption, marquée par l’arrestation spectaculaire de Bakary Togola,  qui absoudra le pouvoir malien.

Un tel Etat ne peut que nuire aux opérations de pacification du pays. Sans son « assainissement », tous les efforts seront vains. Un peu comme une jarre trouée qu’on tente de remplir. Alors il faut dans un premier temps que le président Macron ait le courage de rappeler à l’ordre l’ami IBK (même si on prendra cela pour de l’ingérence encore).

La réponse proposée par Aliou Diallo

Dans un second temps (et seulement), il faut accompagner l’aspect militaire de grands projets de développement socio-économiques. Car le Mali est l’un des pays les plus pauvres au monde. Il est sous perfusion des donateurs internationaux depuis de nombreuses années. Il faut à ce pays pauvre très endetté (PPTE), un véritable Plan Marshall. C’est ce que propose justement Aliou Diallo, PDG de la société d’exploration d’hydrogène naturel Hydroma SA et candidat malheureux à la présidentielle de 2018.

Cet entrepreneur préconise de lever 15 000 milliards de francs sur cinq ans à travers des emprunts d’État, des bailleurs de fonds et des partenariats privé-public. Cet argent servira à lancer de grands projets de développement socio-économiques. Comme par exemple la construction de ponts et de routes pour désenclaver le nord, la construction des hôpitaux,  es dispensaires, des écoles, des centrales électriques, des châteaux d’eaux etc. Ces fonds serviront aussi à créer 20 000 emplois pour les jeunes Maliens outre, à renforcer les capacités de l’armée, et surtout moderniser la fonction publique.