Eolien : une lettre ouverte à Macron pour dénoncer les « mensonges » contre cette énergie renouvelable

Eolien : une lettre ouverte à Macron pour dénoncer les « mensonges » contre cette énergie renouvelable

24/11/2020 Non Par Tim Rimbert

 

Des industriels, collectivités, élus et ONG ont adressé mardi une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron pour dénoncer les « mensonges » portés contre l’éolien en France. Ils demandent au chef de l’Etat français d’être l’arbitre d’ « un débat apaisé ».

Non à un débat largement caricaturé

Les défenseurs de l’éolien contre-attaquent à nouveau face aux critiques qui s’élèvent de plus en plus, y compris dans l’exécutif. Ils ont adressé mardi une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron pour dénoncer la désinformation contre l’éolien en France et lui demander de se poser en arbitre d’ « un débat apaisé ».

« Les attaques contre l’éolien sont aujourd’hui bâties autour de propos inexacts et parfois délibérément mensongers, les arguments sont relayés sans retenue, discréditant le travail de nombreuses associations de terrain, collectivités, travailleurs et citoyens. Nous ne pouvons pas accepter que le débat soit ainsi caricaturé », écrivent-ils. Parmi les signataires figurent le président de la Région Bretagne Loïg Chesnais-Girard (PS), du Grand Est Jean Rottner (LR), le vice-président de France Nature Environnement Jean-David Abel, Yann Arthus-Bertrand, la PDG d’Enercoop Amandine Albizzati, ou le président de l’association de collectivités Amorce Gilles Vincent.

Rumeur anxiogène, intimidation, insulte…

Tout en rappelant que « tout changement génère interrogations et parfois critiques », « le cœur même de notre Etat de droit », ils s’offusquent du fait qu’« en matière d’éolien, certaines organisations ont abandonné la critique constructive au profit de la désinformation, de la rumeur anxiogène », de « l’intimidation et de l’insulte ». Joint par l’AFP, Nicolas Wolff, président de France Energie Eolienne et signataire de la lettre, regrette que nous soyons passés « d’échanges musclés aux échanges violents, avec des noms de dirigeants jetés en pâture sur les réseaux ».

Face à cette ambiance délétère, les défenseurs de l’éolien sollicitent « le président pour qu’il soit l’arbitre d’un débat reposant sur des faits ». Pour M. Wolff, « aujourd’hui le débat n’est pas : ‘faut-il de l’éolien ?’ car la programmation pluriannuelle de l’énergie a tranché en ce sens. Mais un débat au niveau des territoires sur l’implantation ».

Macron a grandement ouvert la brèche

À la mi-janvier 2020, le Président de la République en personne a évoqué la gêne visuelle des éoliennes sur nos territoires. « De plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux (…) il ne faut pas l’imposer d’en haut », avait-il assuré, donnant le flanc à la critique. Elisabeth Borne, alors ministre de la Transition Écologique et Solidaire, avait ensuite parlé d’un « développement anarchique » de ces infrastructures et d’une « saturation visuelle ». Elle a insinué que ces piliers blancs déplaisent de par leurs mensurations imposantes mais aussi par le bruit qu’ils produisent, même à des kilomètres des habitations.

Depuis, des échanges « constructifs » ont eu lieu entre France Énergie Éolienne (FEE) et Elisabeth Borne pour un « développement plus harmonieux de l’éolien ». L’ex ministre avait finalement souhaité « changer les règles pour s’assurer qu’on arrive à définir des zones propices et d’autres qui ne le sont pas » et suggéré « qu’on ait un guichet unique par département, qu’on ait des mécanismes qui nous amènent à une répartition plus équilibrée sur le territoire ».

« Portons ensemble la transition énergétique »

Les signataires de la lettre à Macron veulent mettre fin à tous ces débats qui nuisent parfois au déploiement de l’éolien. En effet, une majorité de projets ont fait l’objet de recours. « 80% des procédures sont rejetées, mais à chaque fois un an et demi est perdu », note M. Wolff. « Portons ensemble la transition énergétique », lancent donc les signataires, qui ajoutent que l’éolien « se construit dans l’adhésion locale ». En outre, ils formulent « le vœu de pouvoir » rencontrer le chef de l’Etat pour en discuter plus franchement.

Pour rappel, l’éolien est aujourd’hui l’une des énergies vertes les plus utilisées en France et dans le monde. Sa part doit être portée de 7% de la production d’électricité en Hexagone aujourd’hui à 20% en 2028. Pour tenir cette échéance, l’éolien terrestre devra passer de 16 gigawatts (GW) de puissance installée à 33 GW.