
Les États-Unis déclassés par Moody’s
18/05/2025Le pays voit sa note souveraine dégradée, passant de Aaa à Aa1, dans un contexte de déficit budgétaire persistant malgré les efforts déployés par l’administration de Donald Trump.
L’agence de notation Moody’s a abaissé vendredi 16 mai la note souveraine des États-Unis, mettant fin à la dernière notation « AAA » dont bénéficiait encore la première puissance économique mondiale après les déclassements successifs de Standard and Poor’s en 2011 et de Fitch en 2023.
« Les administrations américaines successives et le Congrès ne sont pas parvenus à s’entendre sur des mesures visant à inverser la tendance aux importants déficits budgétaires annuels et à la hausse des charges d’intérêts« , explique Moody’s dans son communiqué cité par Le Monde.
Ces propos sont révélateurs du niveau colossal de l’endettement américain et de l’échec du nouveau pouvoir incarné par le président Donald Trump à y faire face conformément à sa promesse de campagne.
Preuve de l’ampleur de la tâche, l’agence de notation fondée par John Moody déclare sans ambages dans le même texte : « Nous ne pensons pas que les propositions budgétaires actuellement à l’étude permettront d’aboutir à des réductions significatives et pluriannuelles des dépenses obligatoires et des déficits. »
Un double camouflet
C’est que le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE, en anglais) placé sous la direction du milliardaire et conseiller présidentiel Elon Musk dans le but de sabrer dans les dépenses fédérales n’a jusqu’ici pas eu d’impact significatif, contrairement aux sorties teintées d’autosatisfaction de son responsable sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Au contraire, Jason Furman, économiste à Harvard et ancien conseiller de Barack Obama, estime dans un entretien accordé au Monde que le multi-entrepreneur a « créé un chaos microéconomique sans impact macroéconomique ». Il anticipe même un effet délétère.
C’est-à-dire une hausse des déficits en raison d’une administration fiscale désarmée par la « tronçonneuse » de Musk. L’alerte de Moody’s intervient par ailleurs au moment où le « Big Beautiful Bill », projet de loi budgétaire soutenu par Trump, a été rejeté en commission des finances de la Chambre des représentants.
Le pessimisme ambiant
De quoi agacer passablement le président, qui a immédiatement appelé son parti à l’unité sur son réseau Truth Social : « Les républicains doivent s’unir derrière le grand, le plus beau projet de loi ! Arrêtez de parler et agissez ! », a-t-il écrit, assurant que le texte « réduit les impôts de tous les Américains ».
« Sans cette loi, le pays souffrira énormément, avec des impôts en hausse de 65%. On en accusera les démocrates, mais cela n’aidera pas nos électeurs. Nous n’avons pas besoin de ‘grands spectacles’ au sein du Parti républicain« , a averti Trump.
Un message de remobilisation qui risque d’avoir peu d’effet sur la situation actuelle, tant les points de divergence sont nombreux au Congrès, comme le relève Le Monde. Cela va de la conditionnalité des aides Medicaid à la réduction des crédits d’impôts pour les énergies renouvelables, sans oublier la question de la déductibilité des impôts locaux et étatiques de l’impôt fédéral.
« Nous prévoyons que les déficits fédéraux vont s’élargir, atteignant près de 9% d’ici à 2035, contre 6,4% en 2024, principalement en raison de l’augmentation des paiements d’intérêts sur la dette, de l’augmentation des dépenses sociales et d’une génération de recettes relativement faible« , cingle Moody’s, pour ne rien arranger.