Bruno Retailleau, électron libre du gouvernement ou saboteur en chef ?

Bruno Retailleau, électron libre du gouvernement ou saboteur en chef ?

24/07/2025 0 Par La rédaction

Le ministre de l’Intérieur revendique une liberté de ton, y compris contre la majorité présidentielle. Au risque d’exaspérer ses collègues du gouvernement, et le président de la République lui-même ?

À quoi joue donc Bruno Retailleau ? Certainement pas au collectif. Pire, l’ancien sénateur de Vendée ne semble pas faire sienne cette célèbre phrase de Jean-Pierre Chevènement selon laquelle « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ».

Le ministre de l’Intérieur a ainsi mené, le 23 juillet dans une interview accordée au magazine Valeurs actuelles, une véritable charge contre le macronisme et son incarnation, Emmanuel Macron, pourtant président de la République.

« Je ne crois pas au « en même temps » », a déclaré le nouveau patron des Républicains (LR) à propos de cette expression chère au chef de l’État pour transcender, dans ses idées, choix ou politques, les clivages traditionnels gauche-droite.

Cette formule « alimente l’impuissance », selon lui. « Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement parce qu’il n’est ni un mouvement politique ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme », a-t-il encore asséné, sans sourciller.

Une sortie qui fait tache

Si Retailleau n’a jamais caché son mépris pour l’idéologie macroniste – il qualifiait déjà Emmanuel Macron d' »illusionniste talentueux » tout en dénonçant un macronisme qui serait « non pas un centrisme, mais un égocentrisme » –, cette dernière sortie fait scandale.

Elle alimente le sentiment d’un ministre qui sabote son propre gouvernement. Même si le camp macroniste n’est clairement pas le sien. L’homme de Vendée entend d’ailleurs incarner la droite à la présidentielle de 2027.

« Agir ensemble exige du respect mutuel », a réagi sur X la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne (Renaissance), accusant son collègue de « tenter de diviser le socle commun » et ainsi d’« affaiblir les remparts contre les extrêmes ».

L’ex-Première ministre l’affirme : le macronisme est « une idéologie ET un parti politique ». « Il faut que Bruno Retailleau démissionne ou que le Premier ministre le démissionne », renchérit le député Guillaume Gouffier-Valente.

Une posture tenable. Jusqu’à quand ?

« Je ne vois pas ce que j’ai pu dire de nouveau que je n’aurais pas dit depuis déjà des mois », se défend l’intéressé, qui campe sur ses positions : « Tant que les décisions du gouvernement sont conformes à l’intérêt national, conformes à mes convictions, il n’y a pas de raison que je quitte le gouvernement ».

Il revendique son rôle de défenseur de « l’intérêt général » au sein de l’exécutif, avec un objectif affiché : faire barrage à l’arrivée au pouvoir de « la gauche mélenchonisée », autrement dit La France insoumise et ses alliés.

Le tête-à-tête prévu au lendemain entre le ministre et Emmanuel Macron a été annulé par l’Élysée quelques heures avant la rencontre. Une question se pose désormais : jusqu’à quand cette guerre de tranchées pourra-t-elle durer ?