Affaire Benalla : Une journaliste du « Monde » convoquée le 29 mai pour être entendue

Affaire Benalla : Une journaliste du « Monde » convoquée le 29 mai pour être entendue

23/05/2019 Non Par Tim Rimbert

 

L’affaire Benalla partirait-elle en vrille ? Nous apprenons qu’une journaliste du quotidien « Le Monde », du nom d’Ariane Chemin, a été convoquée le vendredi 29 mai par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). On lui reprocherait ses articles sur l’affaire Alexandre Benalla, notamment les informations sur le profil d’un sous-officier de l’armée de l’air, Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-cheffe de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout.

Une journaliste qui avait déjà révélé l’affaire Benalla

Une journaliste du Monde du nom d’Ariane Chemin, est convoquée le mercredi 29 mai par les policiers de la section des atteintes au secret de la défense nationale de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elle sera entendue dans le cadre d’une enquête visant des articles du quotidien « Le Monde » sur les affaires d’Alexandre Benalla, notamment les informations sur le profil d’un sous-officier de l’armée de l’air, Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-cheffe de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout. M. Wakrim serait lié par un contrat de protection rapprochée avec un homme d’affaires russe. La divulgation de cette information avait conduit à l’ouverture d’une enquête pour « corruption ».

Le Monde maintient ce qu’il a dit

Informé de cette procédure à l’encontre de l’un de ses rédacteurs, le journal Le Monde a fait savoir qu’il ne comptait pas renier les informations divulguées dans le cadre de cette affaire. « Nous maintenons évidemment nos informations et exprimons notre inquiétude sur cette convocation : l’intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l’Elysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs ». Le journal s’inquiète ensuite du fait que « Cette convocation sous le statut d’une audition libre, est d’autant plus préoccupante qu’elle suit une procédure similaire, utilisée très récemment à l’encontre d’autres journalistes. ».

En effet, trois journalistes ayant enquêté sur l’exportation d’armes françaises utilisées au Yémen ont été convoqués, mi-mai, par les services secrets français​. Il s’agit des deux fondateurs du nouveau média en ligne Disclose et un journaliste de Radio France.

Un quatrième journaliste, travaillant pour Disclose, a été également convoqué par la DGSI le 28 mai comme témoin dans l’enquête pour « compromission du secret de la défense nationale ».

Les médias se mobilisent contre ces convocations

Evidemment, les ONG et syndicats de journalistes ont condamné ces convocations, estimant que cela constituait une atteinte à la liberté de la presse.

« Mercredi 22 mai, c’est Michel Despratx, journaliste du site d’investigation Disclose, qui a appris sa convocation le 28 mai, toujours par la DGSI, dans le cadre d’une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale », après la publication d’une note classée « confidentiel défense » détaillant l’utilisation dans la guerre meurtrière au Yémen des armes vendues par la France à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. Et ce, une semaine après que nos confrères Geoffrey Livolsi et Mathias Destal de Disclose, et Benoît Collombat de Radio France ont déjà été entendus par la DGSI au titre de cette même enquête.

Nous, sociétés de journalistes et de rédacteurs, exprimons notre pleine et entière solidarité avec notre consœur et notre confrère, et dénonçons fermement ces convocations qui ressemblent à de nouvelles tentatives d’intimidation de journalistes qui n’ont fait que leur travail : porter à la connaissance des citoyens des informations d’intérêt public.

Nous rappelons une nouvelle fois que la protection des sources a été consacrée par la Cour européenne des droits de l’homme comme « l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse » et que le secret-défense ne saurait être opposé au droit à l’information, indispensable à un débat public digne de ce nom, ni servir d’épée de Damoclès pour dissuader les journalistes d’enquêter et de publier.», indique une lettre signée par plusieurs médias dont Le Monde, Libération, Les Echos, L’Express, CNews, Franceinfo.fr, BFMTV, Courrier international, 20Minutes, Europe 1, Le Figaro, RFI, Mediapart, France Inter, Paris Match, AFP, LCI, Midi Libre, JDD, M6, Télérama, Le Parisien, TV5Monde, La Tribune, L’Obs, L’Humanité et Arte.