Conférence Bagdad : la France veut jouer un rôle au Proche-Orient

Conférence Bagdad : la France veut jouer un rôle au Proche-Orient

25/12/2022 Non Par Tim Rimbert

 

La France a participé cette semaine à la conférence Bagdad II qui réunit les principaux pays et acteurs du Proche Orient. Seul chef d’Etat occidental présent à la réunion, Emmanuel Macron a tenté de repositionner l’Hexagone au cœur de cette région, avec des projets économiques, sécuritaires et écologiques.

Après une première édition dans la capitale irakienne en août 2021, la conférence régionale Bagdad a remis le couvert les mardi et mercredi sur les rives de la mer Morte en Jordanie. Elle a rassemblé les principaux pays et acteurs du Moyen-Orient, dont la Turquie, l’Egypte, l’Irak, l’Iran et l’Arabie saoudite. Ce sommet avait pour objectif de désamorcer les crises qui secouent la région en travaillant en particulier la stabilité de l’Irak.

L’Irak, théâtre d’une lutte d’influence

Seul dirigeant occidental présent à cette conférence Bagdad II, Emmanuel Macron a tenté de replacer la France au cœur du Proche-Orient chaotique, théâtre d’une lutte d’influence entre l’Iran, la Turquie, la Chine et les Etats Unis. Le chef de l’Etat français a évoqué les incursions et les tentatives de déstabilisation d’un certain Etat. S’il n’a pas cité de nom, il a clairement fait allusion à l’Iran, représenté à cette occasion par son chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian. En effet, Téhéran souhaite en finir avec la rébellion kurde en Irak et y effectue régulièrement des frappes. Il agit d’autant facilement qu’il bénéficie d’une certaine emprise sur Bagdad grâce notamment à la domination des partis pro-iraniens au Parlement et au gouvernement.

Faire d’Amman un partenaire économique important

Conscient de cette mainmise de l’Iran sur son voisin, Emmanuel Macron a appelé l’Irak à choisir une autre voie que celle d’un « modèle dicté de l’extérieur ». Sans savoir que lui aussi tente de dicter une conduite à Bagdad…Qu’à cela ne tienne, le chef d’Etat français a profité de sa présence pour vendre l’expertise de la France à Amman, un partenaire économique important avec la présence d’entreprises françaises comme Orange ou Veolia. Pendant son séjour, il a parlé des questions de sécurité, d’environnement, d’alimentation, d’énergie et d’écologie. Au niveau sécuritaire, Emmanuel Macron a rappelé que Paris dispose déjà d’une base aérienne dans la région. Au moins 200 militaires français y sont stationnés avec quatre Rafale pour poursuivre la lutte contre Daech en Syrie et en Irak.

Pas certain de repartir avec des contrats sous le bras

Côté diplomatie et économie, le locataire de l’Elysée a souligné les principaux sujets d’intérêts Mais il n’ignore pas que la France ne part pas favorite avec l’appétit vorace de la Chine et de la Turquie, entre autres puissances présentes dans la région. Ainsi, malgré la délégation française pleine d’entrepreneurs, il n’est pas sûr que Paris remportera des contrats après son offensive. Il se rappelle que l’année dernière, lors de la première conférence de Bagdad, une entreprise française avait eu l’assurance de reconstruire l’aéroport de Mossoul. Finalement, des sociétés turques aveint récupéré le marché, quelques mois plus tard.

Bagdad veut se tenir à l’écart des influences

Notons que lors de la conférence de Bagdad II, les participants ont tenu une position apaisée malgré les intérêts divergents. Ils ont assuré qu’ils continueraient à coopérer avec l’Irak pour soutenir sa stabilité, sa souveraineté et le processus démocratique dans ce pays. Pour sa part, l’Irak s’est engagé, par la voix de son Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani, à rester « à l’écart des axes » politiques des puissances régionales. Une façon de rassurer les Occidentaux sur son indépendance par rapport à l’Iran. Celui-ci soutient également, militairement, le régime syrien, les rebelles houthis au Yémen et jouit d’une influence au Liban.