
Le faux scoop qui a empoisonné les obsèques de Jean Marie Le Pen
26/01/2025BFMTV s’est vue accusée d’avoir tenté de soudoyer des gens contre la possibilité de filmer l’enterrement du fondateur de l’ex-Front national. Une accusation totalement infondée.
BFMTV a-telle tenté d’acheter l’accès aux jardins de riverains de La Trinité-sur-Mer dans le but de filmer les obsèques privées de Jean-Marie Le Pen ? Le média d’extrême droite Frontières en était en tout cas convaincu jusqu’au dimanche 12 janvier dernier.
Au point d’en faire une information exclusive relayée sur les réseaux sociaux par certains responsables du site d’information, dont le directeur de la communication David Alaime.
« Selon mes sources, alors que les obsèques de Jean-Marie Le Pen devaient se dérouler en intimité. Des journalistes de BFM TV ont tenté de briser cette dernière en proposant à des locaux 5000€ pour pouvoir filmer l’église depuis leur jardin », écrivait-il ce jour-là dans une publication accompagnée du lien de l’article, sur X.
Un « scoop » mal ficelé
De quoi déclencher une petite tempête médiatique. Car les propos peu amènes sont très rapidement lancés contre la chaîne de télévision du groupe RMC BFM sur les réseaux sociaux, suscitant la réaction du média.
« BFMTV dément que des journalistes de la chaîne aient proposé à la Trinité-sur-Mer de louer des jardins pour un point de vue sur les obsèques de JM Le Pen. Ceci est contraire à l’éthique journalistique de BFMTV », indique le média dans un communiqué publié environ trois plus tard, avec la menace de « poursuivre en diffamation les auteurs de ces fausses informations ».
Pour tenter de comprendre la genèse de cette situation, la branche de fact-checking du journal Libération, Checknews, a remonté la piste du prétendu « scoop » de Frontières. Un article sans source indiquée et signé par un mystérieux « Arnaud FT » dont on ne trouve nulle part.
Des accusations qui s’effritent
Jordan Florentin, envoyé par Frontières pour couvrir les obsèques du patriarche des Le Pen, évoque auprès de Checknews, une « source off du Rassemblement national » (RN) mais se montre incapable de préciser des détails essentiels, notamment si les supposées tentatives de corruption concernaient les habitations près de l’église ou du cimetière.
Caroline Parmentier, députée RN, livre une version différente, parlant de journalistes freelance se faisant passer pour BFM TV, une information que le parti avait déjà vérifiée auprès de la chaîne dès vendredi, recevant un démenti formel.
« Après avoir vérifié en interne, on leur a dit que ce ne sont pas nos méthodes », a répété à Checknews, la directrice de la rédaction de BFM TV, Camille Langlade. Erik Tegnér, directeur de la rédaction de Frontières finit par admettre l’insuffisance de ses sources auprès de la direction de BFM TV le 12 janvier au soir, tout en modifiant l’article initial en conséquence.