Ces notifications transmises par Apple aux États

Dans un effort de transparence salutaire, le géant de Cupertino a récemment révélé avoir transmis aux gouvernements du monde entier des données liées à des milliers d’alertes mobiles.

Auriez-vous imaginé que les alertes de messages, d’appels ou d’emails reçus sur votre iPhone puissent être accessibles à d’autres ? Eh bien, Apple a transmis entre juillet 2022 et juin 2024, à plusieurs gouvernements des informations relatives à ces notifications push, comme on les appelle techniquement.

C’est la firme de Cupertino elle-même qui a révélé ces pratiques dans un récent rapport de transparence, mis en lumière par le journaliste allemand Andre Meister du média Netzpolitik.

Parmi les pays demandeurs figurent la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis. Pour ces États, il s’agit comme souvent, d’un enjeu de sécurité nationale : lutte contre le terrorisme, enquêtes criminelles, surveillance des menaces potentielles.

Ces métadonnées constituent en effet, une mine d’informations pouvant permettre d’identifier les communications entre suspects et de suivre leurs activités. Y avoir accès est par ailleurs plus simple légalement que d’obtenir le contenu des messages eux-mêmes.

Une surveillance mondiale aux dimensions inquiétantes

D’où leur attrait pour les pays demandeurs. Le rapport révèle ainsi qu’Israël a exigé des données relatives à près de 700 notifications push dans une seule demande, qu’Apple a finalement refusée.

Entre juillet et décembre 2023, les États-Unis ont formulé 99 demandes concernant 345 jetons push et obtenu des réponses pour 65 d’entre elles. Le Royaume-Uni s’est montré plus actif avec 123 demandes portant sur 128 jetons, satisfaites dans 111 cas.

L’Allemagne a reçu des données pour 5 de ses demandes, tandis que les Pays-Bas et la France n’ont rien obtenu malgré leurs sollicitations. De janvier à juin 2024, le Royaume-Uni a obtenu satisfaction pour 127 demandes et les États-Unis pour 36.

L’Allemagne a également reçu certaines données durant cette période, contrairement à Singapour dont les demandes sont restées sans suite. Cette vieille pratique longtemps restée dans l’ombre, a été mise en lumière en 2023 lorsque le sénateur américain Ron Wyden a saisi le département de la Justice sur le sujet, comme le rappelle le site d’information 404 Media.

Les conditions d’accès désormais resserrées (légèrement) par Apple

« Les données que ces deux entreprises reçoivent incluent des métadonnées détaillant quelle application a reçu une notification et quand, ainsi que le téléphone et le compte Apple ou Google associé auquel cette notification devait être délivrée« , avait alerté l’élu démocrate dans une lettre.

Apple a depuis resserré les conditions d’accès en annonçant, en décembre 2023, qu’une ordonnance judiciaire serait désormais nécessaire pour satisfaire une demande. Auparavant, une simple citation à comparaître suffisait. Reste à savoir si ce durcissement apparent peut suffire à prévenir toute utilisation malveillante de ces données.