États-Unis : la surveillance numérique comme prix d’entrée

États-Unis : la surveillance numérique comme prix d’entrée

12/12/2025 0 Par La rédaction

Les ressortissants de pays bénéficiant d’exemption de visa pourront devoir fournir l’intégralité de leur historique sur les réseaux sociaux pour obtenir l’autorisation d’entrer sur le territoire américain.

Vous prévoyez de voyager aux États-Unis ? Il vous faudra peut-être bientôt dévoiler une part de votre vie numérique. L’administration Trump a récemment instauré une mesure obligeant les ressortissants de pays exemptés de visa à communiquer certaines informations issues de leurs réseaux sociaux.

Concrètement, lors du remplissage du formulaire en ligne, le demandeur doit renseigner ses identifiants pour l’ensemble de ses comptes Instagram, Facebook, LinkedIn, YouTube, X (ex-Twitter) et autres plateformes. Il est ensuite tenu de rendre ses profils accessibles au public, permettant ainsi aux autorités américaines d’examiner jusqu’à cinq années d’activité.

La règle prévoit également de recueillir tous les numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années, les adresses email employées durant la décennie précédente, ainsi que des données détaillées sur les proches du demandeur : noms, prénoms et domiciles notamment.

Une fois sur le territoire américain, les visiteurs doivent savoir que leurs appareils électroniques  (ordinateurs portables, téléphones et tablettes) peuvent être saisis et inspectés par les agents de l’immigration.

Vers un « casier numérique » à l’entrée des États-Unis

Prévue pour entrer en vigueur dès février 2026, sous réserve d’un éventuel recours judiciaire, cette nouvelle réglementation a été publiée le 10 décembre dernier au Federal Register.

Jusqu’ici, les touristes français, britanniques, allemands, australiens et ressortissants de 38 autres pays pouvaient séjourner jusqu’à 90 jours aux États-Unis sans visa, grâce à une simple autorisation électronique de voyage, l’ESTA. Cette procédure, qui facilitait largement les échanges touristiques et professionnels, s’en trouve désormais profondément complexifiée.

Selon Washington, l’objectif de ce dispositif est de vérifier la cohérence des déclarations du demandeur sur ses précédents déplacements, de confirmer sa profession réelle et d’identifier toute activité ou tout lien susceptible de menacer la sécurité nationale.

Un contrôle aux effets inquiétants

« Nous voulons simplement que les gens viennent ici en toute sécurité. Nous voulons la sûreté, nous voulons la sécurité et nous ne voulons pas laisser entrer les mauvaises personnes », a justifié le président Donald Trump, fidèle à sa ligne migratoire particulièrement stricte.

Les journalistes, qui doivent par exemple exercer aux États-Unis, figurent parmi les plus exposés. Beaucoup hésitent désormais à s’exprimer publiquement sur des sujets sensibles, de peur que leurs prises de position n’affectent le renouvellement de leur visa, rapporte France 24.

Une telle collecte serait illégale en France, au nom de la protection des données personnelles. Mais la législation américaine reste beaucoup plus permissive. « On peut craindre qu’ils conservent ces informations pour une durée indéterminée, de manière totalement disproportionnée », alerte Débora Cohen, avocate spécialisée en droit du numérique, citée par TF1.