L’Etat défère un viticulteur bio devant le Tribunal de Villefranche-sur-Saône

L’Etat défère un viticulteur bio devant le Tribunal de Villefranche-sur-Saône

23/05/2015 Non Par La Rédaction

Thibault Liger-Belair cultive des cépages bio sur deux départements limitrophes, la Saône-et-Loire et le Rhône. Il était convoqué mardi dernier, au tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône, pour « refus d’obtempérer » à une décision préfectorale concernant l’utilisation de pesticides pour traiter la flavescence dorée. Il compte bien faire valoir ses droits et assurer sa défense.

Il faudra attendre novembre 2015 pour connaître le verdict du tribunal. En effet Thibault Liger-Belair n’a pas pu se présenter à son procès, le 19 mai dernier, pour raisons professionnelles. Le protagoniste devait se rendre en Angleterre dans le cadre d’une rencontre commerciale. Renvoi accepté par le TGI de Villefranche-sur-Saône.

Contrôlé en novembre 2013 sur ses coteaux du Beaujolais, par la SRAL (Service régional de l’alimentation), le viticulteur bio s’est vu être poursuivi en justice pour non-application de la loi lui imposant de traiter ses vignes contre une maladie mortelle pour la plante : la flavescence dorée. Provoquée par un insecte, la cicadelle, cette maladie engendre un jaunissement des feuilles et un dépérissement du raisin. C’est donc un traitement préventif qui vise à tuer dans l’œuf toute propagation de ce germe en éliminant, par l’utilisation de pesticides, la cicadelle.

« Je considère que la meilleure façon de travailler c’est de prévenir, mais pas systématiquement avec des insecticides. Pourtant, cela ne veut pas dire que je ne traite pas mes vignes si je considère qu’il y a un réel danger », s’est défendu le vigneron. Rappelant ainsi que l’utilisation de produits chimiques sur les cultures causait des « dégâts collatéraux » pour la faune et plus précisément les prédateurs naturels.

Comme dit précédemment son vignoble d’appellation Moulin à Vent est situé sur deux départements limitrophes. La Saône-et-Loire d’un coté avec le décret préfectoral en vigueur et de l’autre le Rhône qui n’avait pas encore promulgué cette décision en 2013.

« J’ai fait valoir que je ne traitais pas [mes vignes] car la préfecture du Rhône ne l’exigeait pas et que je suis entre les deux départements » a ajouté Thibault Liger-Belair. De plus « l’épicentre » de la flavescence dorée se situe à Plottes, à 40 kilomètres de chez lui, sur un cépage de Chardonnay alors que ce dernier cultive du Gamay. Voici en quelques lignes l’organisation de sa défense. En outre, en décembre dernier, un vigneron bio du Bourguignon avait été acquitté pour les mêmes raisons. Monsieur Liger-Belair compte bien se servir de cette jurisprudence afin d’obtenir sa relaxe.

De nombreuses associations écologiques sont montées au créneau pour soutenir le combat de cet homme. C’est notamment Europe écologie les verts (EELV) qui a pris les devants en mettant en ligne, sur son site internet, un communiqué de soutien dans lequel un lien redirigeait vers une pétition. La veille du procès, lundi 18 mai, 211 000 signatures ont été collectées pour demander au préfet de Saône-et-Loire, Gilbert Payet, de cesser ses poursuites.

« On s’était déjà mobilisé pour le premier cas, ça avait marché. On espère que ça poussera la préfecture et le ministère à revoir sa copie, car c’est n’importe quoi de vouloir accabler quelqu’un qui défend l’environnement », a pesté Julien Bayou, porte-parole d’EELV.

La bataille risque d’être compliquée pour Thibault Liger-Belair et le tribunal devra prendre toutes ses précautions en rendant son verdict. Les hostilités reprendront à la fin de cette année en novembre. Affaire à suivre…