Le Luxembourg devient le premier pays à instaurer la gratuité de tous les transports publics

Le Luxembourg devient le premier pays à instaurer la gratuité de tous les transports publics

03/03/2020 Non Par Arnaud Lefebvre

Depuis samedi dernier, le Grand-Duché de Luxembourg est devenu le premier pays à proposer un système de transports publics gratuits. Le gouvernement luxembourgeois souhaite, via cette mesure, réduire le trafic automobile particulièrement dense dans le pays, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Il s’agit d’une première révolutionnaire. En effet, bien que certaines villes dans le monde ont déjà pris des mesures partielles similaires, c’est la première fois qu’une telle décision concerne la totalité d’un pays, a indiqué le ministère des Transports.

Gratuité

Depuis le week-end dernier, les transports en commun luxembourgeois sont totalement gratuits. 40% des ménages sont directement concernés par cette mesure qui leur permettra d’économiser environ 100 euros par an.

Cette campagne fait partie d’un plan plus vaste visant à réduire la congestion automobile. En effet, les voitures privées sont le moyen de transport le plus utilisé dans le pays. Selon une enquête réalisée en 2018 par TNS Ilres, les voitures représentent 47% des voyages d’affaires et 71% des trajets effectués dans le cadre de loisirs.

Les bus ne sont utilisés que pour 32% des déplacements professionnels, suivis des trains (19%). A titre de comparaison, à Paris, 69% des travailleurs ont recours aux transports en commun, selon l’Insee.

Capitale

Luxembourg, la capitale où un tramway est en cours de construction depuis plusieurs années, est tristement célèbre pour ses embouteillages. Depuis 2017, la première partie du réseau des tramways est opérationnelle. Toutefois, les travaux devraient se poursuivre pendant plusieurs années afin de relier la périphérie sud de la ville au nord où l’aéroport est situé.

« Un investissement systématique et continu est une condition sine qua non essentielle pour promouvoir l’attractivité des transports publics », a déclaré François Bausch, le ministre des Transports luxembourgeois.

Les ventes de billets existants de 2 euros totalisent près 41 millions d’euros par an. Selon les autorités, cette somme ne représente que 8% du budget annuel de 500 millions d’euros. Désormais, le Trésor public prendra en charge ce montant.

« Ce montant sera couvert par les impôts. Il s’agit d’un élément de justice sociale, car ceux qui gagnent beaucoup paient plus d’impôts pour cette mesure et contribuent davantage », a déclaré le ministre des Transports.

Les voyages en première classe dans les trains ainsi que certains services de bus de nuit resteront cependant payants.

Mesure phare durable

La gratuité des transports publics fait partie d’un paquet de mesures de l’accord de coalition de 2018 du gouvernement du libéral Xavier Bettel.

« Il s’agit de la cerise sur le gâteau de la stratégie globale pour une révolution multimodale », a encore expliqué Bausch.

La stratégie du gouvernement luxembourgeois consiste à réduire l’écart entre riches et pauvres en termes de mobilité et à diminuer les embouteillages. En outre, l’abandon des autoroutes par les utilisateurs devrait réduire les émissions de CO2.

Le Luxembourg est prospère sur le plan économique, mais connaît de graves problèmes de circulation. Actuellement, le pays compte le plus grand nombre de voitures par habitant de tous les membres de l’UE. Par ailleurs, seul un navetteur sur cinq utilise les transports en commun. A ce jour, le nombre de travailleurs qui transitent tous les jours en provenance de la Belgique, la France et de l’Allemagne vers le Luxembourg s’élève à près de 200.000 dans un pays qui compte moins de 600.000 habitants.

Des craintes ont été formulées quant à un éventuel abus du système.

« Chaque passager doit être en mesure de présenter une carte d’identité ou un passeport valide et peut être interdit de transport en commun à tout moment », a tenu à préciser le Ministère de la Mobilité.