Les Big Tech vivent désormais dans un univers parallèle au nôtre

Tout au long de la pandémie de coronavirus, les plus grandes entreprises technologiques mondiales, les dénommées Big Tech, n’ont cessé de consolider leur pouvoir.

D’une part, ces géants technologiques ont développé de nombreuses solutions afin d’aider à lutter contre la pandémie. Parallèlement, avec la crise sanitaire vécue par de nombreux pays, on a assisté à une hausse record de leur valeur de marché. D’autre part, la demande pour les services et applications des Big Tech ne cesse d’augmenter.

Hausse des revenus des Big Tech

Depuis lors, l’écart a continué à se creuser entre les superstars de la technologie et les entreprises moins riches. Les cinq géants technologiques (Apple, Microsoft, Google, Amazon et Facebook) se sont considérablement enrichis tout au long de la pandémie de coronavirus au fur et à mesure mesure que les organisations et les personnes ont eu recours à leurs produits, explique Shira Ovide, la rédactrice en chef du supplément technologique du New York Times.

« Les superstars américaines de la technologie ont pénétré une stratosphère qui diffère totalement de celle d’autres entreprises à succès du secteur technologique », écrit Ovide.

La fortune des cinq titans technologiques américains (équivalant à 9.300 milliards de dollars) dépasse maintenant la valeur boursière le groupe des 27 plus grandes sociétés américaines (incluant Tesla, Walmart, JPMorgan Chase, etc.), indiquent des données de S&P Global Market Intelligence.

Au cours du dernier trimestre, Apple a réalisé des bénéfices de 21,7 milliards de dollars. Ces gains équivalent à près du double des bénéfices annuels réalisés par les cinq compagnies aériennes américaines les plus importantes durant la période prépandémique 2019.

La fortune de Jeff Bezos s’est accrue grâce à la hausse du cours des actions d’Amazon. Sa fortune est telle qu’il pourrait offrir un nouveau modèle d’iPhone à 200 millions de personnes tout en continuant à être milliardaire.

D’avril à juin, Google a engendré 50 milliards de dollars de revenus, principalement issus des ventes publicitaires. Ce montant correspond aux dépenses en essence des Américains durant le mois dernier.

Le chiffre d’affaires annuel de LinkedIn, détenu depuis 2016 par Microsoft, est près de quatre fois supérieur au chiffre d’affaires de Zoom, la plateforme de visioconférence star technologique de la pandémie.

Enfin, les dépenses de Facebook pour l’équipement de ses centres informatiques en 2021 devraient dépasser les dépenses annuelles relatives à l’extraction de pétrole et de gaz d’Exxon.

Les géants technologiques en orbite

« Ces chiffres ne sont pas normaux pour les superpuissances technologiques. C’est peut-être pour cela que Bezos veut partir dans l’espace ; les géants de la technologie ont quitté la Terre », estime Ovide. « Les géants technologiques américains ont façonné un univers parallèle dans lequel ils sont le soleil. Le reste du monde, composé des milliards d’humains, d’autres entreprises, de pays entiers et de gouvernements, n’est qu’un ensemble de simples planètes en orbite autour des Big Tech. »

« Ces entreprises sont devenues pour la plupart plus rentables dans un contexte économique qui aurait pu ou aurait dû nuire à leurs bénéfices. Cela a eu lieu alors que la pandémie a provoqué la réorganisation de leurs usines ou entrepôts. Cela s’est produit alors que ces entreprises technologiques ont été confrontées à une perturbation des expéditions mondiales les poussant à devoir se démener pour trouver des pièces rares et dépenser une fortune pour prendre en charge la sécurité de leurs personnels. »

La rentabilité de ces sociétés aurait dû souffrir de ce chaos et de ces dépenses imprévues. Les politiques américains devraient se demander comment les marges bénéficiaires de ces entreprises continuent à augmenter dans un tel contexte, déclare la rédactrice du New York Times

« Comment Facebook peut-il convertir chaque dollar de revenus, issus presque totalement des ventes de publicités en 43 cents de profit ? Il s’agit d’un niveau dont la plupart des entreprises ne peuvent que rêver, niveau en outre bien supérieur à celui affiché par Facebook avant la pandémie. Je me suis demandé à plusieurs reprises si les 5 géants américains de la technologie étaient invincibles. Alors que l’écart ne cesse de se creuser entre les superstars de la technologie super riches et les autres entreprises simplement riches, je commence à croire que la réponse est oui », conclut Shira Ovide.