La liberté sur Internet en déclin dans le monde entier

La liberté sur Internet en déclin dans le monde entier

23/09/2021 Non Par Arnaud Lefebvre

Selon un nouveau rapport de l’ONG Freedom House, une association de défense de la démocratie basée à Washington, la liberté sur Internet est en déclin dans le monde entier, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation continue de la liberté sur le Web aux États-Unis et sur la totalité du globe.

Déclin continu

Selon cette étude, ce déclin continu de la liberté sur Internet dans le monde a plusieurs causes. Elle s’explique principalement par le fait que de nombreux gouvernements répriment de plus en plus le discours des utilisateurs. La hausse de la désinformation en ligne figure également parmi les causes.

Aux États-Unis, la liberté sur Internet diminue pour la cinquième année consécutive. Sur le plan international, il s’agit de la 11ème année consécutive.

Deux raisons distinctes expliquent ce phénomène.

Outre-Atlantique, on constate une carence de réglementation au sein du secteur technologique. Ce manque réglementaire a permis aux entreprises technologiques de se développer sans être ennuyées et à la désinformation en ligne de prospérer.

Sur le plan international, des régimes autoritaires ont utilisé leur étroite surveillance d’Internet pour brimer la liberté d’expression.

Aux États-Unis, on constate un manque croissant de diversité au sein des sources d’informations en ligne. Les discours conspirationnistes et la désinformation en ligne ont de la sorte pu se développer. Il s’agit d’un phénomène que l’on a principalement observé lors des élections de 2020 et de la tentative d’insurrection de 2021 au Capitole.

Le rapport indique encore que la diffusion de faux contenus et de messages complotistes au sujet des élections américaines de novembre 2020 a ébranlé les bases du système politique.

Cette étude annuelle a recours, depuis 1973, à un indice standard pour mesurer la liberté sur Internet par pays. Cette mesure est réalisée selon une échelle de 100 points. Le rapport prend en compte des critères tels que l’infrastructure internet, le contrôle gouvernemental, les obstacles à l’accès à Internet et la réglementation des contenus.

La liberté sur Internet dans le monde

Pendant ce temps, la liberté sur Internet au plan global a décliné pour la 11ème année consécutive. Et pour cause, davantage de gouvernements privent des utilisateurs de leur liberté en raison de leurs discours politiques, sociaux ou religieux non violents.  Par ailleurs, dans au moins 20 pays, l’accès à Internet a été suspendu par les autorités. 20 régimes autoritaires ont par ailleurs bloqué l’utilisation des médias sociaux.

La réduction de la liberté sur Internet est la plus forte au Myanmar, en Biélorussie et en Ouganda. En Ouganda, des comptes de réseaux sociaux d’origine pro-gouvernementale ont diffusé en masse sur Internet des fausses informations durant la période précédant les élections de janvier 2021. Durant le mois d’août 2020, les forces gouvernementales biélorusses ont contrôlé l’accès à Internet et surveillé des activistes et militants en ligne afin de réprimer les troubles électoraux.

La liberté sur Internet en Chine et en Inde

Selon le rapport, la Chine est le pays dont le gouvernement restreint le plus la liberté sur Internet. L’étude met en cause la nouvelle législation qui criminalise certaines expressions sur Internet. Les chercheurs citent également les peines de prisons sévères infligées aux activités pour leur dissidence en ligne.

Par ailleurs, certains gouvernements se heurtent aux entreprises technologiques sur le plan des droits des utilisateurs. Dans au moins 42 pays, de nouvelles règles concernant le contenu, les données et la concurrence ont été appliquées sur différentes plateformes au cours de l’année écoulée.

En Inde, des responsables ont exercé des pressions sur la plateforme de micro-blogging Twitter pour qu’elle procède à la suppression de contenus critiques envers le parti en place.  Des forces gouvernementales nigérianes ont procédé au blocage de Twitter suite à sa suppression de messages incendiaires du président.

Recep Erdoğan, le président turc, a déclaré que les entreprises technologiques faisaient preuve de « fascisme numérique ». Ces déclarations font suite à leur refus de respecter la nouvelle loi sur les médias sociaux du pays.

Enfin, selon le rapport, la législation appliquée pour lutter contre les abus des entreprises technologiques est l’objet de limitations. Même si 48 pays ont appliqué de nouvelles mesures réglementaires durant cette année, celles-ci ont peu de potentiel d’apporter des changements significatifs.

« Dans les batailles à enjeux élevés entre les gouvernements et les entreprises technologiques, les droits de l’homme sont les principales victimes », a déclaré Allie Funk, analyste de recherche principale, co-auteur du rapport.