
L’ONU remet en cause sa surproduction de rapports
01/08/2025L’Organisation des Nations Unies révèle que malgré sa production massive de rapports et l’intensification de ses activités, ses documents restent largement ignorés par ceux qu’ils sont censés informer.
L’ONU produit-elle dans le vide ? C’est le cas de le dire au vu du récent aveu de l’institution onusienne elle-même. Elle a indiqué jeudi 31 juillet, dans le cadre d’une enquête interne visant à améliorer l’efficacité de ses services, que ses rapports peinent à trouver leur public.
Selon le Secrétaire général Antonio Guterres, l’ONU a organisé 27 000 réunions impliquant 240 organismes différents l’année dernière, tandis que le secrétariat a produit 1 100 rapports, soit une augmentation de 20% depuis 1990.
Cette escalade documentaire s’accompagne d’un alourdissement significatif du contenu. Les rapports actuels sont désormais 40% plus longs qu’il y a 20 ans. « Le nombre considérable de réunions et de rapports pousse le système – et nous tous – au point de rupture », reconnaît Guterres.
Hélas, cette hyperactivité institutionnelle ne trouve pas d’écho équivalent auprès du public visé. Les statistiques révélées à cet effet en témoignent.
Une production documentaire déconnectée de sa réception
En effet, seuls les 5% des rapports les plus consultés ont été téléchargés plus de 5 500 fois chacun, tandis que 20% des rapports ont reçu moins de 1 000 téléchargements. « Télécharger ne signifie pas nécessairement lire« , souligne froidement António Guterres cité par Reuters.
Cette observation soulève des questions fondamentales sur l’efficacité de la communication institutionnelle de l’ONU. Dans un monde numérique où l’information est surabondante, l’institution semble avoir perdu la bataille de l’attention.
Ses rapports, pourtant censés éclairer les décisions politiques mondiales et sensibiliser l’opinion publique, disparaissent dans le bruit informationnel ambiant. À cela s’ajoute une ritualisation bureaucratique où la répétition l’emporte sur l’innovation et la pertinence.
Pour cause, trois rapports sur cinq portent sur des sujets récurrents. Cette crise de lecture révèle un dysfonctionnement systémique, la moitié des mandats de l’organisation exigeant désormais des rapports. D’où la mécanisation actuelle de la production documentaire.
Une réforme nécessaire dans un contexte de crise financière
L’organisation, forte de ses 44 313 employés selon les données récentes, paraît prisonnière de ses propres procédures. Dans un contexte d’offensive mondiale contre le multilatéralisme, notamment de la part des États-Unis de Donald Trump, ce constat concernant la documentation des Nations Unies tombe mal.
Par ailleurs, l’organisation est confrontée à un déficit budgétaire pour la septième année consécutive, en partie parce que 80% de son financement est volontaire et 85% de ses fonds sont affectés à des usages spécifiques.
Les recommandations formulées par Guterres pour pallier cette situation incluent « moins de réunions, moins de rapports, mais capables de répondre pleinement aux exigences de tous les mandats », ainsi qu’une meilleure conception des rapports avec des formats sur mesure et un suivi des tendances.