France : Sarkozy rayé des honneurs de la République

France : Sarkozy rayé des honneurs de la République

15/06/2025 0 Par La rédaction

L’ancien président se voit déchu de sa Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite en raison de sa condamnation à de la prison ferme dans l’affaire dite « Paul Bismuth ».

La nouvelle est tombée à un moment plutôt improbable pour une information de ce genre, en l’occurrence le dimanche 15 juin en soirée, faisant aussitôt la Une de toutes les chaînes d’info : « Nicolas Sarkozy est déchu de sa Légion d’honneur », selon un arrêté publié au Journal officiel.

Il s’agit d’une situation peu glorieuse pour un ex-chef d’État, d’autant que le prédécesseur d’Emmanuel Macron se voit également retirer, par la même occasion, son ordre national du Mérite.

L’ancien patron de la droite devient de fait le deuxième président français à être privé de la plus haute distinction nationale, après le maréchal Pétain en 1945. Un parallèle là encore très peu flatteur, suite logique de ses déboires judiciaires.

Il a en effet été définitivement condamné fin 2024, après le rejet de ses pourvois par la Cour de cassation, à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme sous bracelet électronique, avec trois ans d’inéligibilité pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes, encore appelée « Paul Bismuth ».

Emmanuel Macron embarrassé

Cette condamnation fait tomber Nicolas Sarkozy sous le coup d’une règle implacable qui prévoit la perte automatique des décorations pour tout récipiendaire condamné à une peine d’emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme.

C’est notamment pour cette raison que le retrait ou non de la Légion d’honneur était devenu un sujet de curiosité publique ces derniers mois. À tel point que l’actuel président Emmanuel Macron avait été interpellé sur le sujet le 24 avril dernier.

« De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision. […] Je pense que c’est très important que […] les anciens présidents soient respectés et donc le président de la République que je suis, en tant que grand maître de la Légion d’honneur, ne prendra aucune décision de ce type », avait-il tranché, embarrassé, suscitant la réprobation d’une partie de la classe politique.

Réactions contrastées et bataille politique

Mais face à la saisine de la justice administrative par plusieurs descendants de titulaires de la Légion d’honneur le mois suivant, le grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre, a finalement appliqué la règle.

Sa décision a d’ailleurs mis l’Élysée devant le fait accompli, d’après les confidences d’un conseiller d’Emmanuel Macron rapportées par Libération. « Il y a des textes qui nous remontent, par exemple les lois à promulguer, mais pas ceux-là. Par courtoisie, le SGG informe l’Élysée du contenu du JO, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel nous avons la main », indique l’intéressé, alors que la classe politique se divise sur le sujet.

La droite et l’extrême droite s’indignent, tandis que la gauche s’en félicite. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy, par la voix de son avocat Patrice Spinosi, a « pris acte » de cette décision tout en rappelant que la Cour européenne des droits de l’homme doit encore se prononcer sur son recours.