
France : le RN face au dilemme Bardella-Le Pen
03/05/2025 0 Par La rédactionLe parti d’extrême droite peine à naviguer entre l’inconfort d’une candidature de sa cheffe menacée par la justice et les ambitions de son dauphin.
Et tout d’un coup, la machine dérailla. Les prochains mois avant la présidentielle française de 2027 devaient être comme un long fleuve tranquille pour le Rassemblement national (RN), qui contrairement au reste des principaux partis de l’échiquier national, connaît son porte-étendard en la personne de Marine Le Pen.
Figure emblématique incontestée, la députée du Pas-de-Calais est censée porter les couleurs du parti d’extrême droite à ce scrutin, à l’issue duquel le président du RN Jordan Bardella serait nommé Premier ministre en cas de victoire. Un scénario politique établi, connu et accepté de tous au sein du mouvement.
Du moins avant le 31 mars dernier lorsque la justice est venue balayer ce scénario d’un revers de la main. Épinglée pour détournement de fonds dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens fictifs (entre 2004 et 2016), Marine Le Pen a en effet été condamnée à quatre ans, dont deux ans avec sursis et deux ans à purger sous surveillance électronique.
Entre loyauté et ambitions
Surtout, la présidente des députés RN écope d’une interdiction de se présenter aux élections pour une période de cinq ans avec effet immédiat.
Depuis, la perspective d’une confirmation en appel de cette condamnation agite les rangs du parti, et ébranle les certitudes. Elle fait par ailleurs délier les langues de Bardella sur la possibilité de représenter l’alternative pour l’échéance de 2027.
« Si elle devait être empêchée demain, je pense pouvoir vous dire que je serai son candidat. Je ne peux pas être plus clair que ça », a ainsi lâché le principal intéressé, le 26 avril dernier dans un entretien accordé au Parisien.
Un moment de transition d’un statut de dauphin « Premier ministrable » à celui de présidentiable ?
L’enjeu du calendrier judiciaire
« Je travaille et je me prépare. Ce qu’on attend d’un potentiel Premier ministre comme d’un candidat à l’élection présidentielle, ce sont des qualités qui sont peu ou prou assez similaires. La fonction est différente. Mais la capacité à rassembler, écouter, comprendre les Français, ce sont des missions que j’ai faites aussi miennes depuis plusieurs mois », ponctue-t-il encore.
Au risque de faire hérisser les poils des irréductibles de Marine Le Pen, pour qui il ne saurait y avoir de plan B. « L’article dans Le Parisien dessert la cause », confie ainsi un cadre du parti au journal Le Monde.
Le quotidien du soir indique que Marine Le Pen, qui a peu goûté la sortie de son dauphin, parie sur un délibéré tardif, idéalement en septembre 2026, dans le cadre de son procès en appel.
Elle pourrait ainsi former un pourvoi en cassation afin de maintenir sa candidature présidentielle si la peine n’est pas assortie d’une exécution provisoire, car ce timing laisserait à la Cour de cassation insuffisamment de temps pour statuer avant l’élection.