L’OTAN, le prix de la protection

L’OTAN, le prix de la protection

20/10/2025 0 Par La rédaction

Les ambitions retrouvées de Moscou, combinées à la complaisance affichée de Donald Trump envers le Kremlin, ravivent le débat sur le financement de l’Alliance occidentale. Décryptage !

À l’heure où le multilatéralisme s’effrite, la pertinence de l’Alliance atlantique suscite de plus en plus d’interrogations. Plus de soixante-quinze ans après sa fondation, l’OTAN traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire, fortement alimentée par les remises en cause récurrentes de Donald Trump.

Le président américain, affichant une attitude conciliante à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, menace de se désengager si Washington ne se voit pas déchargé du « fardeau » financier. « De nombreux pays ne paient pas ce qu’ils devraient. Et, franchement, beaucoup nous doivent des montants considérables depuis des années », a-t-il déclaré récemment.

Donald Trump soutient que « les États-Unis paient 100 % ou presque de l’OTAN ». « Si vous regardez dix ou vingt ans en arrière, les sommes dues sont énormes », a-t-il insisté.

Une affirmation spectaculaire… mais largement inexacte. Derrière les slogans politiques se cache une réalité beaucoup plus nuancée, où les Européens, longtemps accusés d’apathie, se remettent enfin à investir dans leur défense, comme révélé par le Financial Times (FT) dans un article récent.

L’Europe contrainte d’assumer sa défense

Ainsi, sous la pression renouvelée de Washington et en pleine incertitude sur la fiabilité du parapluie atlantique, les Européens sont désormais forcés de reprendre l’initiative. La guerre en Ukraine, les incursions de drones attribués à la Russie et la montée des menaces hybrides ont profondément bouleversé le paysage sécuritaire du continent.

En 2025, les membres européens de l’OTAN devraient consacrer près de 610 milliards de dollars à leur défense, soit plus d’un tiers des 1 590 milliards de dollars constituant le budget total de l’Alliance, d’après le FT.

Si les États-Unis demeurent le poids lourd incontesté avec un budget militaire proche de 980 milliards de dollars (plus de 60 % des dépenses globales de l’Alliance), ce montant inclut aussi bien la défense de l’Europe que celle de leurs intérêts au Moyen-Orient ou en Asie.

Les 5 % : promesse ambitieuse, défi colossal

Pourtant, au sein du budget commun — qui assure le fonctionnement de l’organisation, le commandement intégré et les grands investissements — la part américaine a fondu à 16 %, à égalité avec l’Allemagne, contre 22 % quelques années auparavant.

Dans la foulée des pressions exercées par Donald Trump, 31 membres sur 32 de l’OTAN — seule l’Espagne fait exception — se sont engagés, lors du sommet de La Haye en juin 2025, à porter leurs dépenses liées à la défense et à la sécurité à 5% du PIB d’ici 2035.

Dans le détail, 3,5 % seront consacrés à l’effort militaire proprement dit, et 1,5 % à la protection des infrastructures critiques ou au soutien industriel et technologique. Une évolution immédiatement saluée par le président américain, qui y voit une « victoire majeure ».

Reste que cette ambition soulève de sérieuses interrogations, d’autant que plusieurs États membres — notamment l’Espagne, l’Italie ou la Belgique — peinent déjà à atteindre l’ancien seuil de 2 %.