Tadata : une appli controversée pour sa vente d’informations

Tadata : une appli controversée pour sa vente d’informations

22/02/2020 Non Par Guillaume Pruvost

Le concept de l’application Tadata, destiné aux étudiants, fait craindre le pire aux défenseurs de la vie privée sur le web. Ainsi, il n’est pas étonnant d’apprendre que la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a été saisie à ce sujet.

Monnayer ses informations personnelles contre de l’argent est le concept de ce site, apparu récemment. Ciblant les étudiant âgés de 15 à 25 ans, le principe de la plateforme est simple : vous donnez les renseignements souhaités au portail, qui par la suite les vend à des sociétés qui s’en serviront afin de vous envoyer des publicités.

Contre ces services, vous toucherez une modeste somme d’argent (quelques euros) pour chaque dossier d’informations donné. Les fondateurs de Tadata ont déclaré que le but de la plateforme est d’offrir un système équitable par rapport à la donnée.

Le but de Tadata : offrir plus de pouvoir aux internautes

Le slogan du groupe est le suivant : « Internet vous vole ? Résistez ! ». Les concepteurs du portail Tadata, apparu début février 2020, souhaitant offrir plus de contrôle aux internautes par rapport à leurs données personnelles. Actuellement, lorsque vous allez sur le web, et que vous procédez à une inscription sur un site web ou que vous vous servez des réseaux sociaux, la totalité de vos informations sont utilisées par les mastodontes d’Internet. Toutes ces données représente un gigantesque marché, se traduisant par environ 8 % du PIB européen. Or, un unique individu ne participe pas à cette économie : l’internaute.

Sachant bien qu’ils ne peuvent pas prétendre à changer le monde, les concepteurs de la plateforme ont souhaité mener une action à leur niveau. Ainsi, ils récoltent les informations auprès des internautes pour la suite les revendre sous forme de « packs » à la clientèle. Ce sont essentielles des sociétés privées, désireuses de mieux utiliser leurs publicités, qui achètent ces lots. Tout cela est fait dans la transparence la plus totale puisque l’internaute ne sait pas quelle société achète ses informations personnelles.

Un véritable « coup de pouce » pour les 15-25 ans

Pourquoi limiter l’usage de la plateforme aux 15-25 ans ? Une partie de la réponse se trouve au niveau du parcours des concepteurs de Tadata. En effet, les fondateurs ont travaillé pour de grandes écoles en France et sont sensibilisés à cette partie de la population. Ils affirment que les jeunes sont vulnérables puisqu’un individu sur deux se situe sous le seuil de pauvreté quand il a en dessous de 29 ans. Ainsi, Tadata est un véritable coup de pouce financier pour eux.

En l’espace d’une petite semaine, la plateforme est parvenu à séduire environ 1 500 individus. L’inscription est rapide et simple à effectuer. En effet, en seulement quelques minutes, le tour est joué. Lors de cette étape, vous devrez indiquer diverses informations par rapport à votre cursus scolaire : métiers désirés, diplômes, orientation souhaitée etc. Ces informations sont par la suite revendues à des établissements d’enseignement supérieur ou des sociétés agréées dans le milieu de l’éducation. Dans un avenir proche, la plateforme collectera avec des formulaires, d’autres types d’informations liées à vos loisirs, vos voyages ainsi que votre consommation.

Vente d’informations : un aspect à l’heure actuelle extrêmement flou

Même si l’intention est positive, le concept inquiète, comme le dit la plateforme web lebigdata. C’est pourquoi une ONG du nom de « Internet Society France » a saisi la CNIL. Le règlement général sur la protection des données n’autorise pas la vente d’informations, et cela depuis 2018. Dans ce règlement, il est question du consentement ainsi que de la révocation de ce dernier. Ainsi, il est possible d’autoriser quelqu’un à utiliser votre information durant un temps défini mais cette donnée sera toujours à vous. C’est pourquoi la vente pose ici un réel souci juridique.

Outre cela, l’ONG est aussi méfiante à l’égard des CGU de la plateforme Tadata. La description des informations pouvant être vendues est trop soft. Sur ce point, la loi actuelle est précise : si on se sert des informations des internautes, il est nécessaire que les conditions de cette appropriation soient le plus clair possible. Or, lors de l’inscription sur Tadata, cela est loin d’être le cas. Encore pire si vous utilisez l’application : il n’y a pas de case à cocher et de rappel des mentions légales. Pour une plateforme se ventant d’être respectueuse des données, on est bien loin du compte.