Les réseaux sociaux modifient la manière dont réagit le cerveau des enfants

Les réseaux sociaux modifient la manière dont réagit le cerveau des enfants

16/01/2023 Non Par Arnaud Lefebvre

Des scientifiques ont découvert quelque chose d’étrange lors de scanners cérébraux d’enfants accros aux réseaux sociaux. Il est dorénavant bien connu que l’utilisation des médias sociaux peut modifier l’anatomie du cerveau adulte. Toutefois, une nouvelle étude citée par le site futurism.com indique que les réseaux sociaux peuvent également avoir un impact profond sur le développement cérébral des enfants.

Modification de la réaction du cerveau des enfants

La vérification habituelle des flux sociaux pourrait modifier la manière dont les adolescents traitent les récompenses et les punitions sociales. Publiée dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics, cette étude de l’Université de Caroline du Nord est la première du genre.

Les scientifiques ont découvert que ces modifications cérébrales étaient suffisamment concrètes. Celles-ci apparaissaient comme des voies neuronales distinctes durant les scintigraphies cérébrales.

Cette étude a analysé le cerveau de 169 participants issus d’un collège rural de Caroline du Nord. Les scientifiques ont découvert des changements significatifs dans l’amygdale, le morceau de matière grise associé à la mémoire et aux émotions.

Ces changements cérébraux semblaient être associés à une sensibilité aux conditions sociales. Les sujets consultant couramment les médias sociaux par jour devenaient réactifs aux récompenses et aux punitions sociales au fil du temps. Par contre, leurs homologues connaissaient une tendance inverse.

Expérience

Âgés de 12 ans du début de l’étude, les collégiens ont précisé combien de fois ils consultaient les réseaux sociaux par jour. Une fois par an, les chercheurs ont également effectué des scanners pendant que les jeunes jouaient à un jeu vidéo spécifique. Celui-ci testait leur rapidité d’identification de signaux sociaux positifs et négatifs sous la forme de visages heureux ou en colère.

Initialement, les sujets ayant une utilisation élevée des médias sociaux étaient moins sensibles aux récompenses sociales. Il s’agit de sujets consultant Instagram, Facebook ou Snapchat plus de 15 fois par jour.

Ces récompenses sociales pouvaient être des commentaires verbaux et non verbaux positifs tels que :

  •          des sourires ;
  •           des mots d’éloge ;
  •          ou l’acquisition d’une bonne réputation.

Ces sujets étaient également moins sensibles à la punition sociale.

Par contre, le groupe à faible utilisation des médias sociaux  avait initialement une sensibilité élevée aux récompenses et aux punitions sociales. 

Durant les trois années d’étude, les chercheurs de la Caroline ont découvert des modifications de réactions. La sensibilité du groupe à forte utilisation des médias sociaux envers les récompenses et les punitions sociales a augmenté. Par contre, la sensibilité de leurs homologues du groupe consultant moins les réseaux sociaux diminuait.

Conclusions

D’une part, les chercheurs ont découvert que les enfants utilisant davantage les médias sociaux semblaient devenir plus anxieux face aux situations sociales à mesure qu’ils vieillissaient. D’autre part, leurs pairs qui les utilisaient moins semblaient le devenir moins.

Dans une interview avec le New York Times, l’un des chercheurs de l’UNC a souligné que cette étude sans précédent ne devrait pas être utilisée pour tirer des conclusions hâtives.

Selon Eva Telzer, chercheuse en psychologie et en neurosciences, il n’est pas possible d’affirmer de manière causale que les réseaux sociaux provoquent une modification du cerveau.

Toutefois, celle-ci explique que l’on constate des modifications spectaculaires dans la réaction du cerveau chez les ados consultant régulièrement les réseaux sociaux. Selon Tlezer, cela pourrait avoir des implications jusqu’à l’âge adulte. En effet, cela fixerait en quelque sorte le stade de développement du cerveau au fil du temps.

Cependant, la doctorante en psychologie de l’UNC et co-auteure de l’article, Maria Maza, a souligné que cette recherche avait tout de même un aspect positif.

Maza estime que cette sensibilité accrue aux commentaires sociaux pourrait stimuler une future utilisation compulsive des médias sociaux. Toutefois, cette sensibilité peut également être synonyme de comportement adaptatif possible permettant aux ados d’évoluer dans un monde davantage numérique.