Des nanobots fonctionnant à l’urine réduisent les tumeurs du cancer de la vessie

Des nanobots fonctionnant à l’urine réduisent les tumeurs du cancer de la vessie

22/01/2024 Non Par Arnaud Lefebvre

Des scientifiques ont réussi à développer des nanobots automoteurs alimentés par un déchet présent dans l’urine. Ceux-ci pénètrent dans les tumeurs de la vessie pour procéder à l’administration de leur traitement radioactif.

Nouveau traitement contre le cancer de la vessie

Des scientifiques de divers instituts espagnols et de l’Université autonome de Barcelone ont développé une nouvelle manière de combattre le cancer de la vessie. Pour cela, ils ont conçu des nanobots automoteurs alimentés par l’urée. Ceux-ci pénètrent dans la tumeur pour y livrer leur traitement radioactif.

Une fois que les nanobots ont livré leur dose, on a assisté à une diminution de près de 90% des tumeurs de modèles murins, un modèle d’expérimentation animale impliquant des souris. Selon les chercheurs, ces résultats sont prometteurs car ils ouvrent la porte à un traitement alternatif pour ce type de cancer caractérisé par ses chances de récidive.

Actuellement, les traitements classiques contre le cancer de la vessie non invasifs au niveau musculaire (75% des cas) consistent à administrer des médicaments immunothérapeutiques. Ils comprennent également l’administration de médicaments chimiothérapeutiques au sein de la vessie.

Ces traitements conventionnels permettent d’aboutir à de bons taux de survie. Toutefois, ils sont caractérisés par des taux de récidive à 5 ans allant de 30% à 70%. En outre, ils obligent les patients à suivre des procédures régulières et onéreuses de contrôle de la vessie. Les patients peuvent également être obligés de suivre un traitement complémentaire.

Nanobots propulsés grâce à l’urine

S’accumulant sur le site de la tumeur, ces nanobots tirent parti de son environnement. Ils fonctionnent grâce à l’urée, un déchet présent dans l’urine. Il s’agit en fait d’un type de nanobot qui est constitué d’une surface de sphère de silice poreuse nanométrique. Celle-ci subit une modification afin de lui permettre de transporter des composants aux fonctions spécifiques.

L’uréase figure parmi ces composants. Il s’agit d’une enzyme catalysant l’urée en ammoniac et en dioxyde de carbone. Ceux-ci vont permettre de propulser le nanorobot.

Après l’injection des nanobots fonctionnent à l’uréase dans les vessies de souris, les scientifiques ont eu recours à la tomographie par émission de positons (TEP). Cette technique a permis de déterminer l’accumulation des robots au niveau du site de la tumeur.

L’examen au microscope a permis de montrer la pénétration des robots dans la tumeur. Grace à l’administration d’iode-131  transportées par les nanobots sur le site tumoral, le volume tumoral a pu être réduit de près de 90 %.

Samuel Sánchez, un des auteurs de l’étude, a expliqué que cette diminution de 90% du volume tumoral permettait de considérer ce traitement comme nettement plus efficace que les traitements conventionnels. Les patients souffrant de ce type de cancer ont en moyenne entre 6 et 14 consultations à l’hôpital.

Ce nouveau traitement permet de réduire le temps d’hospitalisation et les coûts relatifs. En outre, il permet de développer des traitements plus utiles pour lutter contre le cancer de la vessie. Enfin, les chercheurs cherchent maintenant à déterminer si les tumeurs peuvent réapparaitre après le traitement.