Science-fiction : bientôt des greffes de tête possibles ?

Science-fiction : bientôt des greffes de tête possibles ?

03/06/2024 Non Par Cinquième Pouvoir

L’obscure startup de neurosciences BrainBridge affirme avoir développé un système d’IA permettant d’effectuer des greffes de tête. Selon son fondateur Hashem Al-Ghaili, cette technologie constitue une lueur d’espoir pour les personnes souffrant de paralysie, d’Alzheimer ou de cancer. Mais, pour beaucoup, elle pose de gros problèmes.

Le désir d’immortalité est toujours plus vivace chez l’être humain, au-fur-et-à-mesure que la technologie avance. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, certains se mettent à rêver d’une vie sans fin. C’est le cas du yéménite Hashem Al-Ghaili, un concepteur fou qui a imaginé en 2022 des capsules automatisées EctoLife, des sortes d’utérus artificiels censés remplacer les grossesses.

Intelligence artificielle, robotisation et microchirurgie pour des greffes de tête

En 2024, ce communicateur scientifique et réalisateur a trouvé une nouvelle lubie : réaliser des greffes de tête pour prolonger la vie des personnes souffrant de paralysie, d’Alzheimer ou de cancer. Son projet baptisé BrainBridge – du nom de sa startup dont on ne trouve des traces légales nulle part – mélange science-fiction et science. En effet, il s’appuie sur les prouesses bien réelles de l’intelligence artificielle, de la robotisation et de la microchirurgie. Hashem Al-Ghaili a publié sur les réseaux sociaux une démonstration de sa machine de transplantation de tête.

Une solution de plasma artificielle injectée aux corps avant l’opération

Dans cette animation, le bras d’un robot chirurgien retire rapidement la tête d’un mourant pour la placer sur un corps jeune et en bonne santé. Ce corps jeune est censé être celui d’un donneur en état de mort cérébrale. Selon les explications de Hashem Al-Ghaili, les deux corps reçoivent une « solution de plasma artificielle » et sont refroidis à 5 °C avant de détacher leurs têtes. Par la suite, la machine analyse l’emplacement des nerfs et muscles du récepteur pour opérer une parfaite reconnexion.

Une transplantation du visage et du cuir chevelu en complément

Aussi, pour faciliter la formation de connexions neuronales avec le nouveau corps, un implant est ajouté au point de fusion de la colonne vertébrale. Si besoin, le dispositif peut aussi effectuer une transplantation du visage et du cuir chevelu à l’aide de l’impression 3D et de l’IA. Ce détail peut s’avérer capital compte tenu de l’importance du visage pour l’identité et la communication d’une personne.

Promesse de retrouver ses souvenirs et ses capacités cognitives

Après l’opération, le patient est placé dans le coma pendant un mois pour permettre à la chirurgie de prendre complètement. Au réveil, le patient devra suivre une physiothérapie intensive pour apprendre à utiliser son nouveau corps. Hashem Al-Ghaili assure qu’il pourra retrouver facilement ses souvenirs, ses capacités cognitives et sa conscience de soi. L’inventeur promet que sa technologie sera mise en œuvre au cours des huit prochaines années.

Les technologies pas encore matures pour réaliser des greffes de tête

Sur Facebook et TikTok, la vidéo de démonstration a été vue par des millions personnes et a suscité des milliers de commentaires. Les internautes les plus enthousiastes pensent que le temps fixé par Hashem Al-Ghaili est un peu trop court. Ils soulignent que les technologies évoquées n’existent pas encore ou sont à un stade embryonnaire pour la plupart. C’est le cas de l’implant cérébral Neuralink et d’autres projets d’interface cerveau-machine, qui doivent notamment résoudre le problème de la moelle épinière.

Le rêve des greffes de tête ne date pas d’aujourd’hui

Les internautes rappellent d’ailleurs que le neurochirurgien italien Sergio Canavero avait déjà annoncé par le passé que la greffe de tête serait possible dès 2017. Mais en 2024, nous en sommes encore très loin. Pour l’instant l’opération n’a été effectuée que sur des cadavres. Les premières interventions sur des êtres vivants ont eu lieu dans les années 1970 avec le médecin américain Robert White. Ce scientifique a procédé à un « échange céphalique » entre singes. Mais le primate bénéficiaire est mort quelques jours plus tard.

Des enjeux biologiques, juridiques, éthiques et philosophiques

Au-delà du défi technologique, se pose aussi un problème biologique et physiologique. En effet, nos cellules vieillissent naturellement et il est quasi impossible de les régénérer comme veulent le faire croire les fabricants de solution anti-âge. Donc rien ne servirait à avoir un nouveau corps, si celui-ci doit vieillir. Ou alors, le patient ira-t-il de corps en corps ? Dans ce cas où trouvera-t-il autant de donneurs ? A supposé qu’il y parvienne, a-t-on pensé à son statut juridique ? Et puis, il ne faut pas oublier les questions éthiques et philosophiques sur la nature de l’identité.