Présidentielle en Tunisie : un duel de candidats «antisystème» attendu au second tour

Présidentielle en Tunisie : un duel de candidats «antisystème» attendu au second tour

17/09/2019 Non Par Robin Carond

 

Selon les résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle tunisienne, l’universitaire conservateur sans parti politique Kaïs Saied (18,7% des voix) et l’homme d’affaires Nabil Karoui (15,5%) devraient s’affronter au second tour, prévu le 13 octobre prochain.

Les résultats partiels du premier tour de la présidentielle tunisienne (dépouillement de 52% des bulletins) du dimanche 15 septembre donne vainqueur Kaïs Saied avec 18,7% des voix. L’universitaire est suivi de l’homme d’affaires Nabil Karoui (15,5%). Le candidat soutenu par Ennahdha, Abdelfattah Mourou arrive en 3e position (13,1%). Les résultats définitifs tomberont au plus tard ce mardi, mais aucun changement n’est attendu. Le second tour verra donc s’affronter Kaïs Saied et Nabil Karoui, présentés comme des candidats anti système. Les représentants des partis traditionnels, anciens ministres ou sympathisants de partis ont été balayés.

« M. Propre » incorruptible et « Robocop »

L’homme en tête du scrutin, Kaïs Saied, est perçu comme un homme plutôt discret et placide. Fin connaisseur de la Constitution, il s’est fait connaître en tant que commentateur politique. Il cultive de lui une image de « M. Propre » incorruptible et au-dessus de la mêlée. Surnommé par les Tunisiens « Robocop », en raison de son attitude et sa diction rigides, Kaïs Saied n’a quasiment pas fait de déclaration auprès des médias et a organisé très peu de meetings. D’ailleurs, il a mené sa campagne avec ses propres moyens, sa voiture notamment. Cette simplicité de l’universitaire conservateur sans parti politique a séduit de nombreux électeurs, surtout les jeunes, déçus des résultats du printemps arabe.

« C’est quelqu’un d’humain, contrairement à toute la classe politique »

Nabil Karoui, au contraire, est une personnalité qui adore les feux de la rampe. Après la proclamation des résultats provisoires, une fête a été organisée à son QG de campagne. En l’absence du candidat, actuellement en cellule à la Mornaguia, c’est son épouse Salwa Smaoui qui assure la campagne avec plusieurs meetings à l’intérieur du pays. Les citoyens ont ainsi pu découvrir une femme battante, militante qui donne de la voix pour défendre les idées de son époux. Ce dernier a été incarcéré pour blanchiment et fraude fiscale. Bien qu’issu de l’establishment tunisien, Nabil Karoui jouit d’une popularité auprès de la population grâce à des opérations caritatives dans les régions défavorisées du pays. Le magnat de la presse est ainsi vu comme un homme généreux. « C’est quelqu’un d’humain, contrairement à toute la classe politique », confiait à RFI une veuve sans revenu, lors de son meeting de clôture.

Un cas inédit en Tunisie

La situation inédite du candidat Nabil Karoui met en lumière un vide juridique en Tunisie, sur lequel planche en ce moment le juge d’instruction en charge de l’affaire. Doit-il être libéré indépendamment du dossier qui pèse sur lui ? Doit-on lui assurer des moyens de communiquer malgré sa détention ? Telles sont les questions auxquelles le magistrat et ses pairs doivent apporter une réponse en urgence.