Tunisie : une mesure de déconfinement sexiste déclenche un tollé sur la toile

Tunisie : une mesure de déconfinement sexiste déclenche un tollé sur la toile

04/05/2020 Non Par Regina Goueu

 

En Tunisie, un décret du gouvernement précisant les catégories de la population qui devraient rester à la maison lors du déconfinement a suscité un tollé sur la toile. Le texte, jugé sexiste, enjoignait aux « mères d’enfants de moins de 15 ans » de rester à domicile.

Les femmes représentent plus de 30% de la population active

En Tunisie, le confinement très strict mis en place le 22 mars va commencer à être levé dès ce lundi, avec une reprise de l’activité à 50% des effectifs dans de nombreux secteurs non essentiels. Dans un décret paru dans la nuit de samedi à dimanche au Journal officiel (JO), le gouvernement prévoyait que certaines personnes continueraient de rester confinées, dont « les retraités de plus de 65 ans », les personnes atteintes de maladies chroniques ainsi que les femmes enceintes et « les mères dont l’âge des enfants ne dépasse pas 15 ans ». La mesure pour les enfants eux-mêmes n’a pas été précisée.

Ce décret a déclenché un tollé sur la toile. De nombreux internautes ont dénoncé un texte « patriarcal » et volontiers sexiste, alors que la femme occupe une place prépondérante dans la société tunisienne. Selon l’Institut national de la Statistique, les femmes représentent officiellement environ 30% de la population active en Tunisie, un chiffre sous-évalué d’après certaines associations.

L’égalité inscrite dans la Constitution tunisienne de 2014

« Cette exception outrageante traduit la vision machiste et patriarcale des rôles et des attributs sociaux de sexe qui fait porter aux seules femmes la responsabilité des enfants », ont déploré dimanche de nombreuses associations de défense des droits des femmes dans un communiqué commun. Elles ont rappelé que l’égalité est inscrite dans la Constitution tunisienne adoptée en 2014, après le Printemps arabe. Bochra Bel Haj Hmida, ancienne députée et ex-présidente de la Commission pour les libertés individuelles et l’égalité, estime en outre qu’« Au-delà des droits des femmes, le gouvernement devrait savoir qu’il y a des pères qui veulent s’occuper de leurs enfants et d’autres qui devraient le faire ».

Le gouvernement fait marche arrière

Face aux critiques, les autorités ont fini par publier dimanche un communiqué sur les réseaux sociaux, évoquant une « erreur dans la rédaction finale du texte ». Celui-ci sera amendé et une nouvelle version publiée au JO.