Quand l’intelligence artificielle intervient dans le domaine amoureux

Quand l’intelligence artificielle intervient dans le domaine amoureux

22/01/2021 Non Par Arnaud Lefebvre

De nos jours, de nombreux secteurs ont désormais recours à l’intelligence artificielle. À présent, l’IA est davantage présente dans le domaine anciennement totalement humain de l’amour et des rencontres amoureuses.

Selon de nombreux experts, cette incursion de l’intelligence artificielle dans le domaine amoureux pourrait faire en sorte que, dans les futures décennies, les rencontres amoureuses avec un avatar personnalisé deviennent de plus en plus courantes.

Intelligence artificielle et psyché humaine

L’industrie des rencontres en ligne représente un marché de plus de 4 milliards de dollars. Par ailleurs, on constate un nombre croissant d’acteurs actifs sur ce marché. Le groupe Match, qui détient des applications telles que OKCupid, Match, Tinder et 45 autres entreprises du secteur des rencontres en ligne, se place en leader.

Au cours des dernières années, Match et ses concurrents ont rassemblé une mine de données personnelles sur leurs utilisateurs. Par conséquent, l’intelligence artificielle, utilisée par la kyrielle d’applications, peut désormais analyser ces informations afin de prédire la manière dont nous choisissons nos partenaires, explique sur The Conversation David Tuffley, Maître de conférences en éthique appliquée et cybersécurité de l’Université Griffith, en Australie.

Match possède un chatbot nommé Lara qui guide les utilisateurs durant le processus de rencontre en ligne.  Lara propose des suggestions basées sur 50 facteurs personnels. Selon Sean Rad, le co-fondateur et PDG de Tinder, l’IA fonctionne en tant que simplificateur. Il s’agit d’un filtre intelligent qui aide les personnes à découvrir ce qui les intéresse.

Le site de rencontres eHarmony a recours à une IA qui analyse les conversations en ligne des personnes et envoie des suggestions sur les prochaines étapes du processus amoureux. Le site Happn utilise l’IA pour classer les profils et déterminer les préférences des utilisateurs. L’IA du site de rencontres Loveflutter supprime les hasards pour faire progresser la relation. Cette IA peut, par exemple, proposer aux utilisateurs un restaurant qui plait aux deux parties. Badoo a recours à la reconnaissance faciale pour fournir des propositions de partenaires semblables à une célébrité.

Ces sites de rencontres en ligne ont recours à l’intelligence artificielle pour procéder à une analyse de détails plus précis. Via ces informations, ces plateformes peuvent déterminer un nombre plus important de correspondances potentielles entre les utilisateurs.

Elles peuvent également scruter les publications en ligne publiques sur des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Instagram. De cette manière, elles sont capables d’avoir un aperçu des comportements et intérêts des utilisateurs. Cela permettrait d’éviter les biais dans la manière dont les personnes se présentent dans les questionnaires de ces applications. Plusieurs études ont en effet montré que les caractéristiques et inexactitudes constituent la raison principale du non-aboutissement d’une rencontre en ligne.

Des prédictions de plus en plus précises

Internet et en particulier les réseaux sociaux génèrent de plus en plus de données sur les utilisateurs. L’intelligence artificielle sera dès lors capable de réaliser des prédictions de plus en plus précises. Par ailleurs, l’IA et la réalité virtuelle évoluent parallèlement. Par conséquent, il est probable que nous aboutissions à des versions de réalité virtuelle des sites de rencontres en ligne. Sur ceux-ci, les utilisateurs pourront s’entrainer lors de rencontres simulées.

Cette foule de données sur les utilisateurs pourrait faire en sorte que l’on aboutisse à la création d’un partenaire personnalisé de réalité virtuelle. Ce partenaire pourrait être personnifier dans un androïde et ainsi devenir une entité physique interactive ainsi qu’un partenaire sexuel.

Selon les partisans des robots compagnons, cette technologie pourrait constituer une solution au besoin légitime d’intimité dans la société actuelle, principalement pour les personnes agées, les personnes veuves et les personnes handicapées. Toutefois, selon les critiques, on est confronté, avec ces avancées technologiques, à des risques inhérents d’objectivation, de racisme et déshumanisation.

Risques

Les robots sexuels sont une technologie relativement nouvelle. Par conséquent, les risques restent largement méconnus. Cependant, ceux-ci incluent les problèmes de dépendance des utilisateurs, la recrudescence de l’isolement social et la reproduction illégale de sujets réels. Cela pourrait provoquer une hausse du nombre de personnes solitaires sur le plan social. Celles-ci pourraient chercher à substituer cette technologie à une interaction humaine véritable. Le Japon connait déjà un phénomène similaire, baptisé hikikomori.

Par ailleurs, il existe également un risque de diminution du taux de natalité, risque auquel le Japon est confronté depuis plusieurs années. Dans ce pays, selon des prévisions officielles, la population actuellement de 127 millions, devrait passer à 88 millions d’ici 2065. Face à ce phénomène, les autorités japonaises ont décidé d’injecter deux milliards de yens dans un dispositif de jumelage basé sur l’intelligence artificielle.

« L’IA comme facilitateur et non comme substitut »

Le débat sur les relations numériques et robotisées est l’objet d’une polarisation importante. C’est le cas de la majorité des controverses majeures de l’histoire de la technologique, rappelle David Tuffley. Habituellement, on aboutit à un consensus.

« Mais dans cette controverse, la technologie semble progresser plus rapidement que le consensus. »

« Généralement, la relation la plus constructive d’une personne avec la technologie intervient lorsque cette le sujet a le contrôle et lorsque technologie constitue une contribution à l’amélioration de ses expériences. Toutefois, le contrôle de la technologie est déshumanisant. Les humains ont exploité les nouvelles technologies pendant des millénaires. Tout comme nous avons appris à utiliser le feu sans brûler les villes, nous devrons également apprendre les risques et les récompenses associés aux technologies futures. »