La Chine développe une nounou IA pour s’occuper des embryons dans un utérus artificiel

La Chine développe une nounou IA pour s’occuper des embryons dans un utérus artificiel

15/02/2022 Non Par Arnaud Lefebvre

Des chercheurs de Suzhou, en Chine, ont réussi à développer un système d’intelligence artificielle, une nounou IA, dont les fonctions consistent à surveiller et prendre en charge la transformation d’embryons en fœtus au sein d’un laboratoire.  

Il ne devrait avoir aucun problème pour l’application future de cette technologie. Toutefois, cette dernière soulève des questions juridiques et éthiques, explique un chercheur dans le South China Morning Post.

Une nounou IA chargée de la surveillance des embryons

L’invention des scientifiques chinois de l’Institut d’ingénierie et de technologie biomédicales de Suzhou est un utérus artificiel au sein duquel les fœtus peuvent croître en toute sécurité. Par ailleurs, cette nounou IA ou nounou robotique se charge de leur surveillance et des soins.

Selon les chercheurs, ce développement pourrait être révolutionnaire pour l’avenir de la procréation dans un pays où le taux de natalité est au plus bas depuis plusieurs décennies. Une fois que la loi autorisera le déploiement de cette technologie, son application ne devrait poser aucun problème, affirment en outre les scientifiques.

Leur système d’intelligence artificielle, la nounou robot, est capable de surveiller et de prendre soin des embryons à mesure que ceux-ci se développent et se transforment en fœtus dans un environnement utérin artificielle.

Pour l’heure, cette nounou IA se charge de la surveillance et de la prise en charge d’un nombre important d’embryons animaux, ont-ils expliqué dans le Journal of Biomedical Engineering national.

Selon le document publié, cette technologie pourrait aider à résoudre certains problèmes concernant la reproduction humaine.

Les chercheurs ont expliqué que cet utérus artificiel, baptisé « dispositif de culture d’embryons à long terme », était un récipient dans lequel des embryons de souris croissent dans une ligne de cubes pourvus de fluides nutritifs.

Le processus de développement ordinaire de chaque embryon devait auparavant faire l’objet d’une observation, d’une documentation et d’un ajustement manuel. Il s’agit bien entendu d’une tâche laborieuse bien souvent insoutenable pour les chercheurs alors que l’ampleur de la recherche augmentait.

Fonctionnement du système de nounou IA

Le système robotisé de nounou IA est capable de se charger de la surveillance des embryons avec une précision jamais observée auparavant. Ce système se déplace en effet de haut en bas de la ligne 24 heures sur 24. Cette technologie d’IA appuie en outre la machine dans la détection des plus petits signes de modification sur les embryons. Elle permet par ailleurs de procéder à l’ajustement du dioxyde de carbone, des niveaux de nutrition et des apports environnementaux.

Le système peut également se charger du classement des embryons selon leurs capacités en termes de santé et de développement. En outre, il est capable de d’alerter un technicien en cas de défaut majeur de développement ou de mort d’un embryon. Le technicien pourra ainsi le retirer du réceptacle en forme d’utérus.

Actuellement, les lois internationales n’autorisent pas les expériences sur des embryons humains de plus de deux semaines, précise le média. Toutefois, les chercheurs expliquent que les études expérimentales sur des phases ultérieures est primordiale. « Il subsiste en effet encore plusieurs mystères non résolus concernant la physionomie du développement embryonnaire humain typique », soulignent-ils.

Selon eux, cette technologie est susceptible d’aider à mieux appréhender la compréhension de l’origine de la vie. Par ailleurs, elle aiderait également à mieux comprendre notre développement embryonnaire. Elle pourrait aussi fournir une base théorique pour la résolution des malformations congénitales et autres troubles de santé.

Chute des taux de natalité

La Chine connaît, depuis 2016, une baisse significative des taux de natalité. Le nombre de nouveau-nés a presque chuté de moitié depuis cette année. Par ailleurs, la croissance nette de la population est la plus basse des soixante dernières années.

De plus en plus de femmes chinoises s’opposent au mariage et à la procréation, et ce, malgré l’allègement drastique de la politique du gouvernement chinois en matière d’enfant unique et les autres incitations de l’État.

La faiblesse des taux de natalité constitue un problème mondial, principalement pour les sociétés développées. Sur les réseaux sociaux, Elon Musk, le fondateur de SpaceX, a récemment évoqué l’effondrement de la population. Plusieurs gourous du secteur des technologies ont expliqué que la meilleure solution était la création d’un utérus développé en laboratoire. Ce dispositif permettrait, selon eux, de réduire la douleur, les risques et les coûts de la procréation pour une femme et sa carrière. Ce sujet fait également débat sur les plateformes et réseaux sociaux en Chine.

Questions éthiques et juridiques

La nounou IA peut procéder à l’identification et au suivi des embryons. Elle peut également prendre des photos très nettes de profondeur variable. Elle peut également se charger de la détection et de l’apprentissage de nouveaux phénomènes invisibles ou négligés par l’homme. Cela permettrait d’accroître l’optimisation et l’itération de la technologie de culture embryonnaire in vitro à long terme.

La technique de l’utérus artificiel n’est cependant pas nouvelle. Ces dernières années, ce secteur s’est rapidement développé. En 2019, des chercheurs de l’Institut de zoologie de Pékin ont réussi à faire en sorte qu’un œuf de singe fécondé parvienne au stade de formation d’organes dans un utérus artificiel. Des scientifiques néerlandais ont affirmé, la même année, pouvoir développer dans dix ans un utérus artificiel capable de sauver les bébés prématurés.

Selon un chercheur de l’Institut de pédiatrie de Pékin, cette technologie ne poserait pas de problème. Toutefois, elle soulève des questions juridiques et éthiques en Chine et dans le monde. Le scientifique a fait ces déclarations sous couvert de l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet dans son pays.

En Chine, la loi n’autorise pas la maternité de substitution. Avec la technologie de l’utérus, l’hôpital deviendrait en quelque sorte un parent de substitution. Selon le chercheur, il est peu probable que les hôpitaux veuillent assumer cette responsabilité.

La production de masse de bébés au sein d’installations d’utérus artificiel pourrait aider au maintien démographique d’un pays où les personnes ne veulent pas d’enfants. Toutefois, les implications sociales et psychologiques de cette technologie sont encore incertaines.

Le chercheur a expliqué que si tout le monde naissait de cette manière, cela ne posait pas de problème. Toutefois, selon lui, nous sommes face à gros problème si certains enfants viennent au monde normalement et si d’autres y parviennent via un programme de gouvernement.