Psy virtuel : les psychiatres remplacés par des IA ?

Psy virtuel : les psychiatres remplacés par des IA ?

13/11/2022 Non Par Guillaume Pruvost

Actuellement, il y a plus de vingt IA ayant été confirmées par des études pour des usages à destination psychiatrique. Or, ces dernières sont surtout utiles pour le recueil d’informations ou l’éclaircissement du personnel soignant dans ses choix. Elles sont limitées malgré leur réel potentiel. Néanmoins, ces algorithmes, également neutres et infatigables, pourraient-ils un jour supplanter le psychiatre humain ?

Un psychiatre virtuel est-il objectif ?

Outre le fait de la neutralité et de l’absence de jugements, les psys numériques possèdent différents points forts. Tout d’abord, ils ne ressentent pas d’émotions leur offrant la possibilité d’effectuer des choix objectifs, duplicables et neutres. En outre, au contraire de leurs confrères humains, ils ne peuvent pas faire d’erreurs engendrés par la fatigue. Ils offrent également une meilleure disponibilité.

Or, il faut prendre en compte que le codage des machines se fait par des ingénieurs. Afin de recueillir les renseignements et procéder à l’entraînement des IA, ce sont des modèles internes qui sont utilisés. Dans une multitude de situations, les intelligences artificielles ont subi des discriminations ou de la subjectivité à cause de données. Ses systèmes de traitement et ses choix sont également liés à la subjectivité du professionnel codeur et ses décisions techniques. Effectivement, plusieurs aspects vont venir impacter la machine : l’expérience professionnelle, la qualité de la formation et/ou du parcours scolaire, la rémunération ou encore la durée de travail afin de rédiger le code.

Actuellement, l’IA n’est pas forcément exempte de subjectivité … À titre de comparaison, pas plus que son confrère humain. Dans leur solution opératoire, le professionnel psychiatre et l’algorithme ont quelques points communs.

Récolte des informations, traitement et conception du modèle

Le psychiatre et l’intelligence artificielle marchent plus ou moins d’une façon identique pendant un entretien psychiatrique. Ils récoltent les informations exhaustivement et plutôt aléatoirement. Dans ce but, il se servent des dossiers médicaux, de la non-communication et des réactions de la personne. Puis, ils font le tri, les choisissent et traitent les données selon leur pertinence ou non. C’est en effectuant une organisation de ces informations que le psy, au même titre que le machine, les mêle à des profils préexistants, ayant des aspects identiques, et émet un diagnostic.

Chaque psychiatre conçoit ce qu’on nomme « modèle interne ». C’est un panel de mécanismes mentaux, explicites ou implicites, lui offrant la possibilité d’amener un diagnostic. C’est via ce modèle interne qu’il énonce sa conclusion. Il pose alors un diagnostic. Le spécialiste le façonne durant la totalité de sa formation et pendant toute sa carrière professionnelle, essentiellement grâce à deux aspects : les expériences cliniques et la lecture de rapports de cas, mais il en existe d’autres. Chaque psychiatre est différent et possède ses propres spécificités.

Le modèle du professionnel s’optimise au fil du temps et de la pratique. Finalement, c’est la même chose pour l’algorithme qui conçoit son modèle interne lors d’un entraînement préalable et grâce à l’apprentissage. Signalons que la machine possède le point fort de pouvoir s’occuper de nettement plus de données qu’un professionnel psychiatre ne pourra jamais le faire.

Meilleure fiabilité du psy humain par rapport à l’IA ?

Doté d’empathie, l’expert psychiatre a plus de chances de dénicher les rouages de la non-communication qui trahissent les personnes dans leurs échanges. Ce savoir-faire est essentiel dans ces situations des suicidaires ou des victimes de violences conjugales, par exemple. Il peut également dénicher les vrais soucis du patient et avoir accès à des données de temporalité extrêmement diverses et variées. Effectivement, il possède une bien meilleure souplesse que l’IA, vu qu’il peut renouveler l’échange en temps réel selon les réponses du patient.

L’absence de corporéité est un aspect négatif de l’IA dans le domaine de la psychiatrie. Or, ce point est essentiel au niveau de la prise en charge et du traitement des soucis psychiques. L’entretien clinique est défini, en grande majorité, par l’échange médecin-patient. La communication verbale et non-verbale y sont primordiales.

Actuellement, le professionnel psychiatre est nettement plus fiable pour la prise en charge et le traitement des problèmes mentaux. Les IA sont encore seulement des solutions permettant d’optimiser la récolte des informations, la caractérisation du diagnostic et la qualité du traitement donné.