Ces mini-robots vont parcourir les océans extraterrestres

Ces mini-robots vont parcourir les océans extraterrestres

12/07/2022 Non Par Guillaume Pruvost

« Small Is Beautiful » : cet adage convient parfaitement au dernier concept de la Nasa qui se caractérise par l’usage d’un essaim de drones sous-marins au lieu d’un robot imposant afin de parcourir l’océan du continent européen, qui se nomme la lune glacée de Jupiter. Ce concept peut s’appliquer à d’autres océans extraterrestres dans le système solaire. Les exobiologistes sont particulièrement intéressés par ce projet.

Depuis des années, les experts de la Nasa ont pour objectif de finaliser une mission avec une sonde dotée d’une source d’énergie nucléaire pouvant générer la chaleur nécessaire afin de rentrer comme tunnelier nucléaire la banquise d’Europe dans une zone où elle serait la plus fragile et la plus mince afin d’atterrir dans son océan global.

Un cryobot nucléaire avec son armée de robots nageurs

Le tunnelier nucléaire intégrerait un essaim de robots ayant la dimension d’un téléphone portable, en lieu et place d’un seul et unique robot autonome. La finalité est de parcourir le paysage océanique d’Europe avec comme espoir de tomber sur des signes de vie extraterrestre. Grâce à un essaim de petits robots nageurs, il est possible de parcourir un volume d’eau océanique nettement plus conséquent et d’optimiser les mesures via l’utilisation de différents robots récoltant des renseignements dans une zone semblable.

Ces machines sont des robots en forme de coin, chacun d’à peu près douze centimètres de longueur et de 60 à 75 centimètres cubes de volume. Il faut savoir que quatre douzaines de ces derniers pourraient intégrer une section d’une dizaine de centimètres de long d’un « cryobot » nucléaire doté un diamètre de 25 centimètres.

La sonde Europa Clipper et une mise en orbite en 2030

Cette mission sera assurée par la sonde Europa Clipper, qui devrait être lancée dans deux ans. La mise en orbite autour d’Europe est quant à elle prévue dans huit ans. Le but est d’effectuer une préparation du terrain en offrant la possibilité de définir les zones où un atterrisseur pourrait se atterrir et permettre le fonctionnement d’un cryobot qui serait lié à lui via un câble alors qu’il irait dans l’océan d’Europe là où il y a le moins de glace possible.

Les cryobots possibles sont analysés par rapport au programme Scientific Exploration Subsurface Access Mechanism for Europa de la Nasa. La transmission des informations récoltées par le cryobot jusqu’à l’atterrisseur une fois dans l’océan se ferait avec un câble. Ensuite, les données seraient envoyées jusqu’à une sonde en orbite qui les transmettent jusqu’à la Terre. Afin de parfaitement fonctionner, l’atterrisseur devrait profiter d’une électronique poussée puisque le flux de rayons cosmiques nocif est conséquent sur Europe dans la zone de la magnétosphère de Jupiter où la Lune se situe (Ganymède est nettement plus sécurisé à ce niveau).

Un essaim de micro-robots, frères des petits drones de la planète Terre

Utiliser un essaim de micro-robots présentait bon nombre de points forts. Premièrement, la chaleur émise par le cryobot nucléaire dans sa zone pourrait amener à des réactions chimiques changeant les mesures au niveau de la composition de l’eau liquide. Les micro-robots pourraient effectuer des analyses dans un volume d’eau plus conséquent mais aussi situés plus loin.

Des renseignements plus pertinents et plus fiables seraient récoltés sur des gradients chimiques, de température ou de salinité de l’océan d’Europe. Chaque robot aurait, outre son mécanisme de propulsion, son PC de bord et son système de communication par ultrasons, une multitude de capteurs de température, de salinité, d’acidité et de pression.

Dernier point : l’intégration de capteurs chimiques sensibles à des biomarqueurs pouvant dévoiler de façon indirecte des signes de vie sera étudiée dans les mois à venir.